Elsa a sept ans lorsque sa mère devient pour la première fois propriétaire. Dans le nouvel appartement, il y a une moquette vert menthe à poils ras, une chambre bleue avec des lits superposés, un frigidaire jaune, un palmier dans le crépuscule sur un mur de la salle de bains. La nuit, la mère ne dort pas. Elle fume. Blottie sous sa couette, l'enfant regarde les cloques qui boursoufflent le plafond.
L'Âge de détruire est l'histoire d'une violence qui passe de mère en fille. Un cycle infernal, dont il faudrait s'échapper ; et pour cela avancer jusqu'à atteindre, peut-être, l'âge de détruire.
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
Mais qui est Clio Campbell ? Chanteuse pop et folk célèbre depuis son premier et unique tube au début des années 1990 ? Militante féministe farouche et engagée ? Victime ou profiteuse d'un système qui la dépasse ? Amie loyale ou séductrice égocentrique ? À 51 ans, Clio Campbell vient de se suicider et les témoins de cette vie kaléidoscopique nous donnent leurs versions, contradictoires, de cette femme attachante, insupportable, admirable, unique. Des pubs de l'île de Skye aux squats de Brixton, des rues de Glasgow aux émeutes de Gênes, des grèves des mineurs jusqu'au Brexit, un demi-siècle de souvenirs, de politique, de vitalité, de chansons, de luttes, de trahisons, de vie... jusqu'à la surprise finale.
Kirsten Innes est une des meilleures écrivaines écossaises de sa génération. Dans Reine d'un jour, son premier livre publié en France, elle réussit haut la main à créer un roman aussi emblématique et charismatique que son héroïne, une femme qu'on aime, de surprise en surprise, dans toute sa terrible humanité. Un roman politique, social et musical, avec un coeur féministe.
Il est peintre et sa fille est comédienne. Certains esprits attendris les qualifient de doux rêveurs. Mais ce qu'ils partagent, c'est plutôt un net penchant à éviter tout contact trop brutal avec la réalité. Esquives, subterfuges et mises à distance, tout est permis pour ne pas se heurter au réel. Pour lui, l'affaire est désormais conclue puisque la réalité s'est confondue avec la fiction qu'il se raconte, assez joyeusement d'ailleurs, depuis sa maison de retraite où il croit dur comme fer que des Japonais vont lui acheter une fortune l'une de ses plus fameuses toiles. Pour elle, néanmoins, la vie est encore longue... Alors quand elle reçoit un appel de son amie Victoire, metteuse en scène, qui lui propose de travailler sur l'adaptation d'un roman de Pouchkine, elle se prend à rêver d'incarner le rôle de Tatiana. Entre deux visites à son père, elle va chercher à ce que, pour une fois, la réalité se plie à son désir.Rachel Arditi signe un premier roman malicieux et élégant sur un père et une fille occupés à réenchanter le monde.
Faire les sucres, au Québec, c'est exploiter une érablière. Obsédé par le retour à la terre, Adam achète la propriété de la famille Sweet dans l'espoir qu'une nouvelle vocation le sauvera de ses torts et de la vacuité de sa vie de restaurateur vedette. Parallèlement, sa femme Marion délaisse peu à peu ses manières douces et son cabinet de dentiste. Aux États-Unis, à quelques centaines de kilomètres au sud, la jeune Celia voit son île natale, où sa mère tient une boutique de taffys, envahie par des touristes sans gêne. Comment vont s'entrecroiser le destin de ce couple de Montréalais à qui tout réussit, installés - jusqu'à tout récemment, du moins - dans leur certitude d'être bons et modernes, et celui de la jeune femme ? Dans ce roman choral, l'odeur délicieusement réconfortante du sirop d'érable se mêle à l'âpreté des fonds marins. Il y a du Virginia Woolf chez Fanny Britt, qui, cinglante et tendre, creuse la question de nos privilèges et de nos illusions, balayées par les vagues du ressentiment et de la souffrance sociale.
À la 23e World Rose Convention, en Australie, le narrateur, journaliste français dans un magazine d'art de vivre, et Barbara, reporter allemande du Die Berliner, vont éprouver la même fascination pour la présidente de l'événement, May de Caux. Cette Française au charme insolite cache une part d'ombre qu'ils vont bientôt découvrir : le passé douloureux qui la hante. De leur complicité grandissante va naître le projet d'un livre. Reste à vaincre les réticences de May, ancienne résistante et déportée.Pour Barbara, jeune femme d'une autre génération, pour l'indispensable transmission, elle va consentir à raconter : Ravensbrück à dix-huit ans, la souffrance, les amitiés, les petites joies et les grandes difficultés. Et l'après, le corps qui a perdu la mémoire de la tendresse, malgré l'attention de son mari, Paul. La vie de femme bouleversée. « Je sais que Paul devine les ombres qui ne me quittent pas, sur lesquelles personne n'a de prise. Notre harmonie n'est pas complète. Une partie de moi se refuse. Je lui donne la plus belle, la plus aimable. Il connaît le combat que je mène depuis vingt-cinq ans contre les fantômes. »Et puis, il y a le souvenir de cette rose cueillie à Ravensbrück, improbable éclat coloré dans le gris funeste, la beauté dans la monstruosité à l'origine de sa renaissance. May est passée de l'horreur à la délicatesse des fleurs, et à l'amour.Le livre s'appellera La Douceur.
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été?
« Elle sort de la forêt seule sur son cheval. Âgée de dix-sept ans, dans la froide bruine de mars, Marie, qui vient de France ».
Que disent les livres d'histoire sur Marie de France ? Qu'elle est la première femme de lettres à écrire en français. Pourtant, sa vie reste un mystère. Matrix lève le voile sur ce destin hors du commun.
Expulsée de la cour par Aliénor d'Aquitaine, la « bâtarde au sang royal » est contrainte à l'exil dans une abbaye d'Angleterre. Loin de la détruire, cette mise à l'écart suscite chez elle une révélation : elle se vouera dès lors à la poursuite de ses idéaux, à sa passion du texte et des mots. Dans un monde abîmé par la violence, elle incarne la pureté, transcendant les obstacles grâce à la sororité.
Moderne, frondeuse et habitée par une grande puissance créative, Marie de France devient l'héroïne absolue, le symbole des luttes d'émancipation bien avant que le mot « féminisme » existe.
Été 1936. Janna, dix-huit ans, est envoyée en Allemagne près d'Aix-la-Chapelle.
Un ami de son père, Egon von Bötticher, doit l'aider à se perfectionner au fleuret. Grand maître d'escrime, von Bötticher réside dans une belle propriété, le Raeren, où il organise, malgré leur interdiction, des combats de Mensur avec armes réelles. Janna cherche à percer le mystère unissant cet homme avec son père et tombe inévitablement sous le charme de son maître charismatique.
Bien plus que l'histoire d'un premier amour délicieusement rendue, La Vierge néerlandaise explore l'initiation de Janna au monde adulte comme une expérience contradictoire et troublante. Et, ainsi que Janna le formule lorsqu'elle rentre aux Pays-Bas : « Je ne pouvais pas revenir en arrière. C'était un aller sans retour. »
1977. Californie du Nord. Rich est de ces bûcherons qui travaillent au sommet des arbres. C'est un métier dangereux, dont son père et son grand-père sont morts. Il veut une vie meilleure pour sa femme Colleen et son fils Chub. Pour cela, il a investi en secret toutes leurs économies dans un lot de séquoias pluricentenaires. Mais lorsque Colleen, qui veut avoir un deuxième enfant malgré de précédentes fausses couches, se met à dénoncer la compagnie d'abattage pour l'usage d'herbicides responsable selon elle de nombreuses malformations chez les enfants, le conflit s'invite au coeur de leur couple. Un premier roman âpre et dense.