" Allemagnes ".
Le pluriel s'impose pour rendre compte d'une histoire longue et complexe, pour cerner une identité qui vaut par la diversité des paysages et des hommes, des falaises blanches de l'île de Rügen peintes par Friedrich à la vallée du Rhin chère aux poètes romantiques, des vastes étendues de la plaine du Nord aux régions forestières de l'Allemagne hercynienne ou aux sommets et aux lacs des Alpes bavaroises.
Occupant un espace aux limites mouvantes, ouvert à la fois sur la mer du Nord et sur l'Europe slave et danubienne, les Allemagnes sont les héritières d'un passé qui ne se résume pas aux drames du siècle dernier. Elles ont pris, à Nuremberg et dans les villes de la Hanse, dans les cités rhénanes, à Dresde, Munich ou Berlin, une part déterminante à la construction de la grande culture européenne que nous ne pouvons imaginer sans Dürer, Leibniz, Bach, Goethe ou Novalis.
L'art baroque naît, s'épanouit, se diffuse en Europe dans les années 1600-1750. Héritiers de la Renaissance, des architectes, des fresquistes, peintres et sculpteurs imaginent de nouveaux effets, jouent avec les formes et les plans, utilisent différemment l'espace, la lumière et la couleur. De Rome où tout commence, aux rives de la Baltique, de l'Europe centrale aux pays ibériques, le courant "baroque" touche l'ensemble de l'Europe, mais à des degrés divers, à des rythmes différents, sous des formes correspondant aux tendances profondes des sociétés où il se manifeste.
Dans ce numéro, l'auteur cherche à renouveler une certaine tradition d'enseignement, à modifier quelques idées reçues en proposant notamment une vision moins réductrice oui, l'opposition rigoureuse entre classicisme et baroque doit être nuancée ; oui, il existe à côté du baroque religieux, un baroque profane et politique, un art de cour qui a contribué à l'éclat des princes et des monarchies absolues.