Arts de la table / Gastronomie
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Dictionnaire amoureux : de la gastronomie
Christian Millau
- Plon
- Dictionnaire amoureux
- 16 Décembre 2010
- 9782259211710
Des grands dîners de Louis XIV à la cour de Versailles aux extravagances contemporaines de la cuisine moléculaire, en passant par la joyeuse bamboche des années 1900 ou la franche convivialité d'un repas de chasseurs du pays gascon, ce dictionnaire amoureux est un "régal" de culture, d'histoires et d'anecdotes.
J'aurai passé un demi-siècle de ma vie à rouler ma bosse et mon estomac sur la Terre entière et n'ai toujours pas perdu l'appétit de le raconter. Non pas en professeur "ès-gastronomie" (oh, le vilain mot !) mais en gourmand, amateur de bonnes et belles choses, de rencontres et de découvertes. Pour faire partager à mon lecteur mes emballements, mes déconvenues ou mes coups de gueule, je me suis coulé dans la peau du conteur, comme il s'en trouve autour d'une table entre amis.
Quand je lui fais déguster un lièvre à la royale, nous sommes au Palais-Royal chez Mme Colette. En-semble, nous humons les parfums du miroton de Mme Milord, ma concierge, nous nous glissons dans les mystérieuses cuisines de la franc-maçonnerie, nous nous asseyons chez les plus grands chefs du siècle et nous nous payons la tête des ridicules d'une certaine gastronomie contemporaine. -
Le Petit Roman du vin de Christian Millau initiera les amateurs aux plaisirs des grands vins et ravira les habitués qui voient dans la rencontre autour d'une bonne bouteille un heureux moment de convivialité. Christian Millau évoque des dégustations prestigieuses auxquelles il a pu être convié : Yquem, Lafite, Rothschild 1797, Pétrus... qui réservaient parfois de drôles de surprises. Christian Millau raconte les histoires de vin dont il a été le témoin ou qui lui sont arrivées. «L'affaire se noua à Paris, dans le haut de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève (la Montagne sacrée "), juste en face de l'École Polytechnique. Il y avait là une épicerie qui faisait commerce des produits les plus communs, tels les sardines en boîte, les limonades et les roudoudous pour enfants sages. [...] Deux détails insolites qui ne cadraient pas du tout avec la modestie des lieux éveillèrent ma curiosité. Tout au fond de la boutique, sur des étagères, un fouillis inextricable de bouteilles laissait deviner des étiquettes où l'on pouvait lire des noms inattendus, tels que Chassagne-Montrachet, Pommard, Chambolle-Musigny, Coteaux du Layon, Chateauneuf-du-Pape, Beaumes-de-Venise, Condrieu... L 'autre sujet d'étonnement était fourni par la présence, autour d'un gaillard en blouse grise et béret noir dont la bouille ronde et rouge percée de deux petits yeux plissés et sabrée dans le sens de la largeur d'un sourire franchement rigolard, de messieurs qu'on devinait issus des hautes sphères de la société, et non sans raison, car l'un était le général commandant Polytechnique et l'autre le philosophe Gaston Bachelard, dont j'appris qu'il venait là en voisin rafraîchir la trépidation de ses petites cellules grises. Revenons à l'homme au béret. De son nom Jean-Baptiste Besse, mieux connu dans le quartier sous le vocable de «Père Besse», et propriétaire des lieux. Devenu à l'instant même mon ami, je ne pus me passer de lui, jusqu'à sa mort, tant c'était une joie de le retrouver chaque semaine dans son jardin de verre extraordinaire. Il fuyait comme la peste la redoutable engeance des oenophiles-connaisseurs-qui-savent-tout et, en revanche, vous invitait dans le cercle de ses amis dès lors qu'on ne la ramenait pas et qu'on la bouclait quand on ne savait pas. Christian Millau raconte aussi quelques anecdotes savoureuses, comme l'histoire du curé de Saint Emilion qui au confessionnal indiquait à ses ouailles, propriétaires de grands crus : "Six Ave et une caisse". Dans Le Petit Roman du vin, il aborde pour commencer la vieille querelle : bordeaux ou bourgogne ? et conclut qu'avec l'âge, «... un peu lassé des grands noms francs et des armoiries, je me convertirai à nos obscurs du Languedoc, d'Auvergne, de la Loire, de la Corse ou du Pays Basque. Nos oubliés, nos modestes, nos incompris, nos francs-tireurs et nos anars, qui se fichent pas mal de ne pas appartenir à la nomenklatura des AOC, pourvu qu'ils fassent glisser le bonheur au fond du gosier.»
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Gault et Millau se mettent à table
Henri Gault, Christian Millau
- Stock (réédition numérique FeniXX)
- 9 Octobre 2015
- 9782234110717
Gault et Millau sont de mauvais Français : ils ne sont ni présidents ni décorés. Ce sont également de mauvais gastronomes (d'ailleurs le mot gastronome les fait bondir. Ils se flattent d'être des amateurs) : ils ne font en effet partie d'aucune confrérie - pas même celle du Joyeux Tire-Bouchon - d'aucun ordre, d'aucune association. Mais depuis qu'ils ont fait irruption et mis d'emblée les pieds dans le plat, quelque chose a changé au royaume de la France gourmande. En secouant vigoureusement la marmite, en disant leur quatre vérités aux marchands de mauvaise soupe, en révélant de jeunes talents, souvent inconnus, ils ont aidé la cuisine à sortir de son immobilisme, et donné à des millions de Français le goût de l'exigence et d'un nouvel art de vivre, mieux adapté à notre époque. Discutés, et même attaqués parfois passionnément, ils ne laissent, en tout cas, personne indifférent. À travers leurs guides, leur revue, nous connaissons leurs goûts, les restaurants de leur choix. Mais, jamais encore, ils n'avaient révélé quelles surprises leur avaient souvent réservées l'exceptionnelle aventure qu'ils ont vécue en commun depuis près de vingt ans. Les dessous de leur enquête, les voici aujourd'hui racontés dans Gault et Millau se mettent à table. Des dessous qui ne manquent ni de pittoresque, ni de comique. Comment en serait-il autrement pour ces deux Phileas Fogg de la fourchette, du verre et du couteau qui, de Paris à New York, et de Hong Kong à Los Angeles, exercent une vigilance sans relâche à l'égard de quiconque invite - moyennant finance - à s'asseoir à une table pour déjeuner ou dîner.