Après ses livres d'entretiens sur le monde de l'art contemporain qui ont connu un grand succès (Galeristes en 2010, Collectionneurs en 2012, Artistes, en 2014), Anne Martin-Fugier a interrogé quinze femmes actrices de l'art contemporain en France durant les cinquante dernières années.Elle n'a pas choisi des artistes, mais des «témoins», journalistes, galeristes, directrices d'institutions publiques et privées qui, partout en France, participent à la diffusion de l'art contemporain avec leur énergie et leur sensibilité. Leurs trajectoires et leurs récits constituent un panorama du monde culturel d'aujourd'hui.
C'est en 1818 que fut créé à Paris le premier musée consacré aux artistes vivants. Au cours du XIXe siècle, la diffusion des oeuvres d'art change d'échelle, le marché de l'art remplace le système académique des Beaux-Arts et, dans cette société en voie de démocratisation, se développent l'intérêt pour l'art et la consommation de productions artistiques. Dans les ventes aux enchères, il apparaît que l'art contemporain (on disait « moderne » à l'époque) peut valoir de l'argent. Les tableaux des artistes vivants deviennent objets d'investissement et de spéculation. Anne Martin-Fugier met en scène tous les protagonistes du monde de l'art et évoque leur style de vie et leur sociabilité : les peintres et les sculpteurs connus et moins connus, les modèles, les critiques et les aventuriers qu'étaient parfois les marchands et les collectionneurs. Elle se penche sur les relations passionnelles et complexes qu'entretiennent les artistes avec ces derniers. Elle analyse l'évolution des identités, celle de l'artiste et celle de l'amateur. Que devient au cours du siècle la figure de l'artiste victime de la société bourgeoise qui s'est constituée à l'époque romantique ?
Elles balaient, font la cuisine, montent les seaux de charbon, vident les cuvettes et frottent l'argenterie, du matin jusqu'au soir.
Elles n'ont point de vie à elles. car ce sont les bonnes. mais d'elles, on exige plus encore que l'accomplissement des tâches ménagères. il faut qu'elles soient le dévouement incarné. car elles sont les servantes. et si ce livre s'emploie, en détaillant leurs conditions de travail et d'existence, en décrivant les mentalités dans lesquelles elles étouffent, à dire quelle place est assignée aux bonnes par la moralité bourgeoise à la belle epoque, c'est dans le but d'exorciser le fantôme de la servante, qui hante encore la plupart des femmes d'aujourd'hui, lorsqu'elles rentrent à la maison.
Lorsque Louis-Philippe d'Orléans accède au trône en 1830, il est accompagné d'une large famille qui redonne de l'animation aux Tuileries et contribue à la réputation bourgeoise, mais aussi moderne, de la nouvelle monarchie de Juillet.
A travers un récit vivant, Anne Martin-Fugier nous introduit dans la familiarité d'un roi qui, loin de son image d'homme commun, gouverne avec autorité et fait fonctionner le système monarchique avec faste et traditions. L'éducation des princes, les drames et les joies de chaque jour se mêlent étroitement à la vie officielle de la cour reconstituée, du gouvernement et du Parlement.
Réhabilitant le roi-citoyen, cet ouvrage éclaire sous un angle original une période essentielle et mal connue de la France du XIXe siècle.
Depuis le XVIIe siècle et plus encore au XIXe siècle, la France et surtout Paris se sont fait une spécialité du " salon ".
En ce lieu de sociabilité particulière, où l'esprit est une puissance, les écrivains, les artistes et les politiques, les étrangers aussi, se rencontrent et se confrontent selon des codes, des liturgies, des modes. Les femmes y jouent un rôle essentiel, qui leur est refusé ailleurs. De Napoléon III finissant jusqu'à la veille du Front populaire, c'est dans les salons que se font et se défont les réputations, que se lancent un livre, une campagne de presse, une élection politique ou académique, un mouvement artistique.
De la princesse Mathilde à Léon Blum, du dîner Magny aux Potassons d'Adrienne Monnier, Anne Martin-Fugier met ici en scène le monde des Goncourt, de Marcel Proust et des surréalistes, rendu à sa vérité historique.
En 1815, au lendemain de la Restauration, le " monde " parisien se définit encore par rapport à la Cour.
Mais progressivement le rapport s'inverse et les élites non aristocratiques conquièrent une place au premier rang de la société : au côté du duc de La Rochefoucauld vient s'asseoir M. Bertin. Une nouvelle mondanité se met en place, qui devient le " Tout-Paris ", celui dont Proust connaîtra les derniers moments, où se rencontrent l'épée, la plume et le portefeuille. L'espace mondain est alors celui du luxe : les beaux quartiers, les ambassades, les théâtres, et naturellement les salons.
Les mondains paradent dans les bals, sur les champs de courses et aux bains de mer. Et ce grand monde s'attribue aussi une mission culturelle : le raffinement. Entrelaçant choses vues, anecdotes, portraits tirés des correspondances, mémoires et journaux du temps, Anne Martin-Fugier ressuscite une société brillante, égoïste et vulnérable. Son écriture est aussi élégante que la vie qu'elle décrit.
En interrogeant un large éventail de galeristes sur leur vocation, leurs artistes, leurs clients et leur fonctionnement, Anne Martin-Fugier dresse, à travers ces témoignages d'itinéraires humains, un passionnant panorama du marché de l'art à Paris depuis 1950.
De la fin de la décennie 1810 aux lendemains de la Révolution de 1848, Anne Martin-Fugier nous propose un portrait de groupe où il est moins question de doctrine que de salons, de rencontres et d'amitiés. En replaçant les chefs de file du mouvement dans les lieux de l'aventure romantique, elle nous fait découvrir une foule de petits romantiques, des soldats de la bataille d'Hernani à la bohème de Mimi Pinson en passant par les Jeune-France chevelus et les ouvriers poètes des années 1840. Le Cénacle de Victor Hugo, les masures du Doyenné, l'histoire du Corsaire-Satan revivent sous nos yeux tandis que les itinéraires de Hugo, Delacroix, Berlioz ou George Sand se dessinent plus précisément, exemplaires dans leurs succès comme dans leurs échecs.
Le romantisme apparaît alors comme l'aventure d'une génération, celle de jeunes gens qui se jettent à corps perdu dans l'Art en espérant y trouver la gloire et la réussite matérielle. Mais cette dernière est rare, et nombreux sont ceux qui retournent à leur milieu d'origine ou meurent de faim et de froid dans les greniers d'une bohème qui n'est pas toujours gaie.
Le 18 août 1847, la duchesse de Choiseul-Praslin, qui porte l'un des plus grands noms de France, fut sauvagement assassinée. Le coupable était son mari, qui parvint à avaler de l'arsenic avant d'être emprisonné et mourut sans avoir reconnu son crime. L'institutrice des enfants, Mlle Deluzy, supposée maîtresse du duc, fut arrêtée comme complice.
Qui était la duchesse Fanny ? Une femme de quarante ans, mère de dix enfants, enlaidie par l'obésité mais encore amoureuse de son mari, trompée et frustrée, ou une épouse dominatrice, possessive et envahissante ? Qui était le duc Théobald ? Un père attentif à ses enfants, ou un faible poussé à bout par les exigences sexuelles de sa femme ? Qui était l'institutrice Henriette ? Une femme indépendante et cultivée, ou une aventurière ?
Ce drame effrayant et énigmatique, dont l'opinion publique s'empara à grand bruit, ébranla le trône de Louis-Philippe, qui devait s'effondrer six mois plus tard. Le récit d'Anne Martin-Fugier fait apparaître, autour des trois protagonistes, des contemporains comme la comtesse de Boigne, Valentine Delessert, Victor Hugo ou Victor Cousin, et, sous sa forme la moins reluisante, tout un pan de la haute société de la monarchie de Juillet, contemporaine de Stendhal et de Balzac.
Docteur ès lettres, Anne Martin-Fugier a publié de nombreux ouvrages sur la vie culturelle et sociale du xixe siècle, parmi lesquels La Place des bonnes (1979), La Bourgeoise (1983), La Vie élégante ou la formation du Tout-Paris 1815-1848 (1990), Comédienne. De Mlle Mars à Sarah Bernhardt (2001), La Vie d'artiste au xixe siècle (2007).
Après Galeristes, paru en octobre 2010, où Anne Martin-Fugier interroge un large éventail de galeristes sur leur vocation, leurs artistes, leurs clients et leur fonctionnement, voici Collectionneurs qui, selon la même démarche, poursuit ce questionnement.
Les collectionneurs d'art contemporain sont divers dans leurs pratiques, leurs goûts et leurs recherches. Certains suivent une ligne, d'autres sont plus fantaisistes. D'aucuns sont boulimiques et voudraient s'en guérir. Souvent, ils n'aiment pas qu'on les appelle «collectionneurs», comme si le terme était péjoratif : ils se voient plutôt comme des chercheurs, des découvreurs de nouveautés. Si le statut de collectionneur ne constitue pas leur projet initial, un beau jour, voyant qu'il n'y a plus de place sur les murs, ils prennent conscience qu'ils sont devenus collectionneurs. Ce nouveau statut alourdissant leur vie, ils cherchent à s'en dédouaner : à «collectionneurs», ils préfèrent «amateurs d'art» et à «collection», «réunion d'oeuvres». Ils se définissent généralement avec modestie ou humour.
Toute collection exige une formation. Se faire l'oeil demande du travail et prend du temps. Il faut aller voir les expositions, lire, s'informer. L'apprentissage se fait essentiellement sur le tas, par la fréquentation des musées et des galeries et par la rencontre de galeristes, d'artistes, de collectionneurs, qui aident à forger le goût et le regard. Si, pour acheter des oeuvres, il faut des moyens, ceux-ci ne doivent pas forcément être colossaux. La plupart des interviewés ne sont pas riches, mais acheter de l'art reste leur priorité.
Collectionner, c'est jouer. Les collectionneurs sont dans l'addiction ; ils sont conscients d'imposer à leurs proches, conjoint ou enfants, leur manie, leur folie. Mais, en même temps, ils revendiquent le droit à dépenser, à s'amuser. Désirer des oeuvres d'art est devenu le moteur de leur existence : il se transforme vite en plaisir. Or, la collection, qui au départ était synonyme d'aventure et de liberté, devient peu à peu synonyme de contrainte. Elle envahit l'espace, impose sa présence, avec ses problèmes d'assurance, de stockage, d'accrochage. Puis, fatalement, arrive la pire des contraintes : l'avenir de la collection. Certains l'organisent avec soin, d'autres s'en soucient très peu, voire pas du tout, faisant de leur indifférence une philosophie. Si le destin de leurs oeuvres leur cause parfois de l'inquiétude, ce qui les inquiète encore davantage est la perte éventuelle de la curiosité ou la rupture avec les jeunes générations d'artistes.
Ainsi, à travers les témoignages de quatorze collectionneurs, Anne Martin-Fugier nous invite à pénétrer dans leur univers. On saisit en particulier le rôle agissant de l'art vécu au quotidien, de l'intimité avec l'oeuvre sur son territoire privé.
En interrogeant un large éventail de galeristes sur leur vocation, leurs artistes, leurs clients et leur fonctionnement, Anne Martin-Fugier dresse, à travers ces témoignages d'itinéraires humains, un passionnant panorama du marché de l'art à Paris depuis 1950.
«J'ai depuis trente-trois ans deux pôles dans ma vie, confie l'auteur, l'histoire culturelle et sociale du XIXe siècle et l'art contemporain. J'ai voulu constituer un témoignage sur quelques galeristes parisiens. Je prends le parti d'interviewer une douzaine de galeristes que je fréquente de longue date et de tracer ainsi une série de portraits en y mettant parfois le grain de sel du collectionneur, en ajoutant un souvenir ou un commentaire.
Chemin faisant seront, bien entendu, évoqués des oeuvres et des artistes. Mais ma perspective n'est pas pédagogique, je ne veux pas me centrer sur l'histoire de l'art, j'ai envie de retracer des itinéraires humains.» Ces galeristes appartiennent à des générations diverses , d'Emmanuel Perrotin qui a quarante et un ans à Lucien Durand qui en a quatre-vingt-neuf et ont tous des parcours très différents, dans leur vie privée (des couples hétérosexuels ou homosexuels qui travaillent ou non ensemble, des célibataires, des familles.
Almine Rech a tenu une galerie avec son mari, Cyrille Putman, avant de divorcer, de se remarier avec un petit-fils de Picasso et d'ouvrir une galerie personnelle à Paris, puis une seconde à Bruxelles) comme dans leur évolution professionnelle: l'un est le fils d'un célèbre marchand (Albert Loeb) ; d'autres ont gardé longtemps un travail alimentaire pour faire vivre leur galerie (Frédérique et Philippe Valentin) ; d'autres encore, en pleine ascension, ont ouvert une galerie à l'étranger (Emmanuel Perrotin, Bruno Delavallade). Ces trajectoires variées, cette richesse d'expériences produisent des témoignages précieux à recueillir.
Ils ont envie de raconter mais n'auront probablement jamais le loisir ou la patience de mettre leur récit par écrit. C'est la mission que s'est donnée Anne Martin-Fugier.
Habit brun, chapeau rond, parapluie sous le bras, louis-philippe a cinquante-sept ans quand il monte sur le trône, en 1830. un visage empâté qui sera identifié à une poire, un souci exagéré des détails et une avarice supposée lui vaudront la réputation tenace d'un homme commun, étriqué et mesquin.
Au vrai, on prend pour du « bourgeois » ce qui s'apparenterait plutôt à un non-conformisme forgé par vingt ans d'exil et de voyages. en fait, malgré le vote régicide de son père et les circonstances de son arrivée au pouvoir, louis-philippe fait fonctionner le système monarchique avec son faste et ses traditions ; il reconstitue autour de lui une vraie cour, n'en déplaise aux légitimistes, et négocie avec les monarchies d'europe l'établissement de ses enfants.
L'auteur nous introduit dans la familiarité du roi et des siens aux tuileries, à saint-cloud, à neuilly et en normandie. l'éducation des princes, les drames et les joies de chaque jour se mêlent étroitement à la vie officielle de la cour, du gouvernement et du parlement. plus qu'une réhabilitation du roi-citoyen, ce récit vivant, bourré d'anecdotes et d'aperçus inédits, éclaire d'un jour nouveau un moment essentiel de la france du xixe siècle.
Anne martin-fugier docteur en histoire, anne martin-fugier est une spécialiste de la mentalité bourgeoise et de la culture française au xixe siècle. elle a déjà publié, entre autres, la place des bonnes (1979), la bourgeoise (1983), et la vie élégante, 1815-1848 (1990), qui a reçu le prix d'histoire de la vallée-aux-loups-maison de chateaubriand.
1900 : triomphe du Bourgeois. Mais son épouse ? Cette femme qui parade, élégante, au Bois, suscite bien des craintes et des interrogations : est-elle honnête ? Qu'est-ce au juste qu'une honnête femme ? Que peut-elle faire pour n'être point oisive ? Comment entretiendra-t-elle le nid familial et accomplira-t-elle les mille devoirs qui la rendront digne de ses titres d'Epouse, de Mère, de Femme de Foyer ? Quelle fonction sociale pour elle, en dehors de la garde de la famille ? Et quelle éducation peut-elle recevoir sans trahir, demain sa vraie vocation ? Ces questions engendrent toutes sortes de discours qui, dans leur diversité et leurs contradictions, codifient le rôle dévolu aux femmes par la bourgeoisie. Ce livre analyse le modèle ainsi formé et montre comment, en suivant l'évolution des moeurs, il perdure, de la digne Epouse et Mère chapeautée et corsetée du début du siècle à la jeune Femme-qui-travaille d'aujourd'hui.Anne Martin-Fugier a également écrit La Place des bonnes, un essai sur la domesticité féminine en 1900.
c'est en 1818 que fut créé à paris le premier musée consacré aux artistes vivants.
au cours du xixe siècle, la diffusion des oeuvres d'art change d'échelle, le marché de l'art remplace le système académique des beaux-arts et, dans la société en voie de démocratisation, se développent l'intérêt pour l'art et la consommation de productions artistiques. des lieux multiples d'exposition, salons et galeries, succèdent au salon annuel organisé par l'etat et, dans les ventes aux enchères, il apparaît que l'art contemporain (on disait " moderne " à l'époque) peut valoir de l'argent.
les tableaux des artistes vivants deviennent objets d'investissement et de spéculation. anne martin-fugier met en scène tous les protagonistes du monde de l'art : les peintres et les sculpteurs connus et moins connus, les modèles, les critiques et les aventuriers qu'étaient parfois les marchands et les collectionneurs. utilisant correspondances, mémoires, presse, catalogues d'expositions, romans, elle rend compte des pratiques des artistes et suit les étapes de leur carrière, depuis leur formation à l'ecole des beaux-arts ou dans les académies libres jusqu'à leur rencontre avec des clients, représentants de l'etat, amateurs privés ou marchands en passant par leur style de vie et leur sociabilité, dans les ateliers, les cafés ou en plein air.
elle se penche sur les relations passionnelles et complexes qu'entretiennent les artistes avec les marchands et les collectionneurs. elle analyse l'évolution des identités, celle de l'artiste et celle de l'amateur. que devient au cours du siècle la figure de l'artiste victime de la société bourgeoise qui s'est constituée à l'époque romantique ?.
Septembre 1870 : l'étau prussien se referme, Paris est assiégé. De nombreux peintres s'engagent dans la Garde nationale. Parmi eux, Henri Regnault, beau jeune homme déjà célèbre pour son pinceau mais aussi pour sa voix, et son fidèle ami Georges Clairin, " Jojotte ". Tous deux risquent leur vie pour tenter de briser le siège, au grand dam de la fiancée du " petit Regnault ", Geneviève Bréton, une jeune femme cultivée et exaltée, fille d'un éditeur engagé, amoureuse éperdue de l'artiste.
Autour de ces personnages, Paris affamé et gelé pendant l'hiver 1870 ; l'horreur de la Commune au printemps 1871 ; les peintres, Manet, Courbet, Degas, Bazille... les musiciens, Augusta Holmès, Saint-Saëns... les écrivains, Gautier, Hugo... les comédiens, Sarah Bernhardt, Mounet-Sully... unis durant cette page tragique de l'histoire de France. Dans son nouveau roman, Les Couleurs et la mitraille, Anne Martin-Fugier dresse la fresque palpitante d'une ville qui résiste.
Le Musée de Montmartre donne la parole à une femme oubliée, pourtant témoin intime d'une époque : celle de la bohème montmartroise et de la naissance de l'art moderne. Pour la première fois, une exposition et un livre sont consacrés à Fernande Olivier, modèle, écrivaine et artiste.
Cet ouvrage, étayé d'archives rares, analyse et contextualise ses écrits Picasso et ses amis (1933) et Souvenirs intimes (1988). Fernande y livre un récit touchant sur la condition féminine de son temps et dévoile l'intimité du Bateau-Lavoir : Apollinaire, Braque, Derain, Laurencin, Le Douanier Rousseau, Matisse, Max Jacob, Van Dongen et celui avec qui elle partagea sa vie de 1904 à 1912, Pablo Picasso.« Les livres concernant les artistes, peintres et littérateurs, dont je vais parler, sont muets sur leur intimité, pour la raison essentielle qu'ils n'ont raconté que ce qu'il plaisait aux intéressés de dévoiler publiquement. J'ai vécu avec eux, plus près d'eux que n'importe qui, puisque chez Picasso c'était aussi chez eux (...) J'ai vécu de leur existence, je les ai vus vivre, penser, souffrir, espérer et surtout travailler ; vivant, pensant, souffrant, espérant avec eux. Je peux donc, sans craindre de voir mal interpréter mes souvenirs, montrer leur vie secrète et laborieuse. » Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933.
« Principal théâtre de la vie privée, la famille, au XIXe siècle, lui fournit ses figures et ses premiers rôles, ses pratiques et ses rites, ses intrigues et ses conflits. Main invisible de la société civile, elle est à la fois nid et noud.
Elle tend néanmoins, pour des raisons en partie politiques, à absorber toutes les fonctions et à définir les règles et les normes. Les institutions et les individus célibataires - prisons et internats, casernes et couvents, vagabonds et dandys religieuses et amazones, bohèmes et apaches - sont souvent contraints de se définir par rapport à elle, ou dans ses marges. Elle est le centre dont ils constituent la périphérie. » Michelle Perrot