Thomas, jeune député curieux et constructif, entreprend un voyage d'étude en Rugénie. Réformé sous la houlette de l'économiste Stepan Gloss, ce pays est devenu la vitrine du meilleur des mondes possibles entre services privatisés, cités sans voitures et championnats de la Diversité. Une valise à roulettes en guise de bâton de pèlerin, Thomas s'enchante puis s'étonne devant les contradictions de ce décor idéal : où la pollution des villes est rejetée dans les banlieues ; où la campagne n'est plus qu'un décor vendu à la découpe ; où les vieux Rugènes et leurs habitudes s'opposent aux hipsters épris de tri sélectif... Un clin d'oeil à Voltaire et à Orwell inspire cette fable de plus en plus grinçante : quand la déréglementation de l'économie va de pair avec l'hyperréglementation des libertés individuelles, et quand la guerre s'invite dans le jeu de la communication. Benoît Duteurtre réussit le pari de nous faire rire de notre époque.
«Ce livre est inspiré par la mort de ma mère, qui croyait à la joie de vivre. J'y dépeins aussi les transformations d'un village de montagne, quelques vieilles dames extraordinaires et les péripéties d'une journaliste dans la société contemporaine. Beaucoup de femmes dans ces histoires ; beaucoup de questions sur la naissance et sur le déclin.
La disparition de nos proches souligne cette double réalité de l'âge adulte : tandis que nous courons à l'abîme, le monde où nous avons grandi s'efface lui aussi. Ces réflexions traversent un roman très libre, tour à tour comique et mélancolique. L'autobiographie s'y conjugue à l'essai et à la fiction pour cerner notre destin - et les joies qui éclairent cette fatalité».
Benoît Duteurtre.
Arrivé aux portes du paradis, un nouvel élu, fraîchement décédé, découvre les normes d'hygiène et de sécurité désormais fixées pour la vie éternelle.
Au même moment, sur terre, un projet de pénalisation des images pornographiques perturbe la tranquillité de Simon Laroche, haut fonctionnaire bon teint qui redoute de se voir démasqué pour ses escapades sur Internet. Pourtant, c'est une simple phrase, filmée à son insu, qui va le précipiter dans un engrenage cauchemardesque.
Dans cette société à peine imaginaire où les réseaux se dérèglent, où les informations des uns arrivent sur les ordinateurs des autres, où les femmes et les hommes guerroient sans relâche, deux jeunes banlieusards opposent une résistance dérisoire à l'ordre établi. L'intrigue nourrie par toutes les peurs de l'époque alterne avec les interventions débonnaires du Grand Saint Pierre.
Après La petite fille et la cigarette, traduit dans de nombreux pays, Benoît Duteurtre renoue avec une veine fantaisiste, où le réalisme se mêle à l'imagination pour mieux éclairer notre présent.
Dans un monde qui ressemble à ce que sera bientôt le nôtre, un quadragénaire essaie de survivre. Il remonte une avenue du Président-Bush. Son chien s'appelle Sarko. La monnaie qu'il utilise est l'eurodollar. La ville, plombée par une pollution folle, est le territoire des cyclistes et des piétons écolos. Dans la rue, l'homme n'ose plus sourire aux enfants, les vrais maîtres, de peur d'être pris pour un pervers. Au bureau, il se cache aux toilettes pour fumer une cigarette prohibée.
Aux prises avec cet univers, l'individu se révolte à sa manière, dérisoire. Il n'y résistera pas.
La fable, dans la lignée de Swift ou de Kafka, humour compris, prend la défense d'une créature menacée, l'homme. Aux moindres faux pas, le voilà devenu un monstre, chargé d'expier plusieurs siècles de péchés. La nouvelle Inquisition lui collera tout sur le dos, dans l'antichambre des bûchers.
« Le 29 septembre 1990, une vingtaine de descendants de René Coty se retrouvèrent à l'Élysée. Chez les petites-filles du Président, d'ordinaire si ardentes à rompre avec le passé, l'opportunité sembla éveiller un brin d'amusement. Les années glorieuses s'éloignaient suffisamment pour prendre un arrière-goût folklorique. Tout le monde avait oublié le nom de Coty - sauf pour le confondre avec celui d'un parfumeur. L'époque présidentielle ne représentait plus une menace avec ses privilèges. Rien ne pouvait désormais entraver le triomphe de cette vie normale vers laquelle ma famille inclinait depuis trente ans. » Avec ce roman familial, Benoît Duteurtre déploie son art d'humoriste social sur un mode plus intime. À l'ombre des falaises d'Étretat, il observe les transformations de la bourgeoisie en vacances, le catholicisme revisité par mai 68 et sa propre évolution de jeune homme moderne à la découverte de la nostalgie.
«Un pantalon de skaï noir épousait la ligne de ses jambes. Le cuir était plus chic, mais trop cher. La matière synthétique, par son côté factice, correspondait mieux à l'esprit new wave : le disciple d'Actuel pouvait défendre cette théorie avec beaucoup de verve. Plaqué sur son buste, un étroit tee-shirt rouge produisait, pensait-il, un joli contraste avec le noir du pantalon. Ses bras nus gardaient une minceur juvénile ; mais Jérôme Demortelle, dans son narcissisme, était le seul à ne pas voir surtout ces godillots à la semelle mi-décollée qui trahissaient un cruel manque de moyens.» 1980. Le clinquant Forum des Halles a remplacé l'ancien «ventre de Paris» et la cocaïne échauffe les noctambules. À peine arrivé de sa Normandie natale, Jérôme est certain de pouvoir épancher ici sa soif de modernité. Rastignac vêtu de skaï, il cherche l'Histoire aux portes des boîtes de nuit et plonge dans un tourbillon futile, persuadé d'y retrouver l'esprit bohème.
«Des caisses d'hypermarchés aux péages autoroutiers, des halls d'aéroports aux guichets d'ex-services-publics-privatisés, il fallait continuellement attendre son tour pour se renseigner, attendre son tour pour payer, attendre son tour pour retirer la marchandise, embarquer très en retard sur des vols surchargés, franchir très lentement des kilomètres d'embouteillages. Et si, par malheur, votre cas finissait par échapper aux cases prévues automatiquement, alors commençait le cycle beaucoup plus long des vaines réclamations à un personnel dépassé, lui-même, par la logique aveugle de cette organisation.» À travers la parabole d'un homme et son téléphone mobile, Benoît Duteurtre pourfend avec humour les travers de notre société occidentale, obsédée par le temps, le profit et la vitesse. Un roman bref, incisif et iconoclaste contre le diktat du «tout-communication».
Le général de Gaulle est de retour. Après un appel à la résistance, prononcé lors d'un piratage télévisuel, il se lance dans une ultime bataille pour la « grandeur de la France ». Toujours vaillant sous son képi à deux étoiles, ce revenant passionne l'opinion. A-t-il vécu cent vingt ans ? S'est-il fait congeler ? S'agit-il d'un imposteur ? Ce général, un rien foutraque, vit avec son temps : il prône la relance de l'agriculture française par la marijuana, l'ajout d'une fête musulmane au calendrier et ranime jusqu'à l'absurde les idéaux de la vieille Europe. Dans cette fantaisie romanesque un brin loufoque, Benoît Duteurtre entame une croisade nostalgique contre l'obsession sécuritaire et hygiéniste, contre la standardisation des sociétés et pour le retour de l'oeuf mayonnaise « maison » dans les bistrots.
Un jeune américain, épris de culture française, part à la découverte du " pays des peintres et des poètes ".
Il débarque dans la france d'aujourd'hui, s'égare dans les quartiers touristiques puis dans la zup claude-monet, arpente les plateaux télé et les coulisses de l'édition puis s'enfuit dans un monastère reconverti dans les nouvelles technologies. l'itinéraire de david croise celui d'un français quadragénaire qui a longtemps rêvé d'amérique. tandis que l'américain s'éprend d'une prétendue reine de la bohème, le français tombe amoureux d'une vidéaste branchée.
Conte, récit de voyage, autobiographie et fiction s'agencent dans ce crescendo romanesque qui glisse parfois de l'hyperréalisme au fantastique loufoque. prix médicis 2001.
«Il y avait pour moi quelque chose d'incompréhensible et de fascinant chez cette fille, seule au milieu de la cour de récréation : elle me ressemblait mais elle ne souriait guère ; elle avait les mêmes taches de rousseur mais les yeux plus ténébreux ; elle ne lisait pas des livres de prêtres engagés sur l'Évangile (les lectures préférées de ma famille) mais des brûlots anarchistes appelant au soulèvement général ; elle ne voulait pas avoir l'air moderne en enfilant des pantalons mais portait une jupe, dégagée de tout mimétisme masculin. À part cela je ne savais rien d'elle, sauf pour avoir entendu, de loin, prononcer son prénom : Hélène.» Une adolescence provinciale dans la chaleur de 1976 : Benoît Duteurtre, en jeune gauchiste à cheveux longs, y découvre avec enthousiasme la musique, l'amour et la poésie.
la cinquantaine séduisante, florence partage sa vie entre paris et un village de montagne isolé, dans lequel elle vit comme un ermite.
mais l'irrésistible appel du progrès finit par atteindre ce lieu perdu, et prend la forme de réverbères, de rutilantes poubelles de tri sélectif. signant l'intrusion de l'écologie bureaucratique clans la vie rurale. dans ce conte bucolique, duteurtre raille, avec douceur, les contradictions d'une humanité égarée dans les pièges de la société contemporaine.
«Quel meilleur passeport qu'une carte de presse tendue au bon moment ? Quoi de plus fascinant que la montée en puissance des médias ? Assez de romantisme ! Journaliste : telle était incontestablement ma destinée...».
Un jeune homme naïf entreprend son ascension dans la société de communication. Engagé comme critique musical, il révèle des goûts bizarres qui irritent les spécialistes de la culture. Jeté en pâture aux rédactrices d'un magazine féminin, il ne comprend rien à l'esprit des superwomen. Reconverti dans le fait divers, il enquête dans les camps de nudistes, les parcs de loisirs, avant d'échouer dans la presse pornographique...
Un roman vif, drôle et cruel.
Gaieté parisienne est une peinture de Paris à la fin du XXe siècle. Nicolas, un intellectuel d'une trentaine d'années, s'efforce de séduire le jeune Julien, étudiant en gestion, très à l'aise dans la société moderne. De boîtes de nuit en cités de banlieue, leur course-poursuite traverse un paysage étrange, où les vestiges de l'Ancien Monde se mêlent aux entreprises de rénovation. Les protagonistes glissent des situations grotesques aux émotions imprévues, dans une Europe qui pourrait rappeler la Rome du Satiricon.
Benoît Duteurtre met en scène la comédie de l'amour. Loin des conventions sentimentales, il explore le milieu «gay» commme un miroir de la vie contemporaine, avec sa foi sexuelle, ses routines et ses tabous. Dans un style limpide, attentif à la vérité des apparences, il suit les trébuchements de Nicolas face aux incongruités de l'existence. Il raconte la laideur et la beauté d'une époque.
Un jeune cadre dynamique bloqué dans une sanisette ; un souvenir d'enfance au bord de la mer ; un acteur de théâtre reconverti dans les sitcoms ; deux filles saoules à cent soixante à l'heure sur l'autoroute ; les conversations d'une vache et d'un Parisien... D'aventure en mésaventure, un personnage se métamorphose ; la bizarrerie involontaire des situations d'époque et des décors quotidiens provoque le rire avant de glisser, parfois, vers le cauchemar.
Entre humour, poésie et fiction, le livre singulier d'un écrivain salué par Milan Kundera pour son «sens aigu du réel».
L'écriture fluide de Benoît Duteurtre saisit entre l'inquiétude et l'éclat de rire la comédie moderne des apparences...
Plusieurs millions de vaches intoxiquées par les méthodes de production n'ont soulevé, en définitive, qu'une querelle comptable sur les perspectives de l'agriculture anglaise.
La liquidation de troupeaux entiers au nom de l'hygiène s'est déroulée dans un mépris général pour l'espèce bovine, considérée comme un simple outil de transformation entre l'herbe et le lait. Imaginons les mouvements de résistance si l'on avait tué, massivement, non des vaches mais des animaux de compagnie (chien, chat. ) ou des animaux touristiques (éléphant, crocodile. ), au nom d'une épidémie mystérieuse.
La vache n'est qu'une catégorie fonctionnelle du marché dont la valeur peut soudainement se réduire à rien. Cette liquidation massive constitue, dans l'histoire, un épisode d'un genre nouveau : jamais on n'avait autant massacré pour une simple erreur de gestion.