Cette fantaisie se déroule dans un monde proche du nôtre où les meilleures causes inspirent parfois des lois tyranniques.
La dénonciation anonyme est encouragée pour lutter contre le sexisme ; le recyclage des déchets fait l'objet d'une réglementation kafkaïenne ; les amateurs de viande doivent abattre eux-mêmes leurs animaux ; une « brigade rétroactive » fouille librement dans le passé de chacun. Quant aux coupables de propos inappropriés ou de complicité d'écocide, ils doivent se livrer à des confessions publiques.
Cette société cruelle n'empêche pas la vie de ressembler à une comédie avec ses protagonistes : Barack, un étudiant qui n'ose coucher avec sa copine de crainte de se voir accusé de harcèlement ; Mao, un ancien cadre culturel qui s'imagine protégé ; Robert, une jeune fille qui observe l'époque d'un oeil moqueur ; Giuseppe, vieux récalcitrant dans sa demeure féerique... Chacun s'efforce de survivre dans ce monde meilleur où « dénoncer n'est pas seulement un devoir, mais un acte de courage ».
Dans un monde qui ressemble à ce que sera bientôt le nôtre, un quadragénaire essaie de survivre. Il remonte une avenue du Président-Bush. Son chien s'appelle Sarko. La monnaie qu'il utilise est l'eurollar. La ville, plombée par une pollution folle, est le territoire des cyclistes et des piétons écolos. Dans la rue, l'homme n'ose plus sourire aux enfants, les vrais maîtres, de peur d'être pris pour un pervers. Au bureau, il se cache aux toilettes pour fumer une cigarette prohibée. Aux prises avec cet univers, l'individu se révolte à sa manière, dérisoire. Il n'y résistera pas. La fable, dans la lignée de Swift ou de Kafka, humour compris, prend la défense d'une créature menacée, l'homme. Au moindre faux pas, le voilà devenu un monstre, chargé d'expier plusieurs siècles de péchés. La nouvelle Inquisition lui collera tout sur le dos, dans l'antichambre des bûchers.
Automne 1980, Jérôme Demortelle débarque à la capitale. Il a vingt ans et fait ses débuts dans la musique, porté par sa passion pour la new wave. Comme il se doit, ses idées et ses accoutrements affichent le style d'une génération pressée de balayer ses aînés, les encombrants soixante-huitards. Mais ce jeune homme moderne, épris de second degré, est aussi, plus secrètement, sous l'emprise d'un vieux mythe : celui de la "montée à Paris", où il rêve de conquérir la gloire artistique à l'image de ses illustres prédécesseurs. Or c'est dans un autre monde qu'il atterrit. Le nouveau quartier des Halles, avec son Forum clinquant et ses galeries commerciales, vient de remplacer l'ancien "ventre de Paris". Entre mythe et réalité, les décalages sont innombrables, et Jérôme, trop pressé, se précipite dans toutes les impasses : la question de l'entrée dans les boîtes à la mode (ou l'humiliation de se voir refuser) lui tient lieu d'enjeu existentiel ; le goût prononcé pour la cocaïne lui donne l'impression d'être un acteur dans cette société noctambule où il n'est qu'un figurant. Ce jeu des apparences, à la veille de l'élection de François Mitterrand, raconte aussi la naissance d'un monde qui est devenu le nôtre.
Imaginons que le général de Gaulle soit de retour ; et qu'après
un appel solennel à la Résistance il se lance dans la bataille pour
modifier le cours de l'histoire : celui de la France et celui de l'Union
européenne.
Imaginons que sous son képi à deux étoiles et son verbe impérieux
cet étrange revenant fasse l'objet de tous les débats : a-t-il survécu
jusqu'à l'âge de cent vingt ans ? S'est-il fait hiberner comme le
héros de Louis de Funès ? S'agit-il d'un imposteur ?
Dans ce roman aux allures de fantaisie historique, Benoît Duteurtre
revisite la mythologie française et sa dernière figure légendaire, au
moment où « une certaine idée de la France » achève de se
dissoudre dans la mondialisation.
Réflexions théoriques et fragments de journal alternent avec le
portrait de ce Général un peu piqué, qui parle tour à tour comme un
patriote et comme un révolutionnaire, et suscite parfois la nostalgie
pour mieux réfléchir sur le monde qui vient.
On a oublié combien Paris fut une ville heureuse : capitale des plaisirs où les plus grands artistes adoraient le café-concert, le music-hall et l'opérette aux mille succès repris dans le monde entier.
De 1900 à 1940, Fernand Ochsé fut un personnage central de cette fabrique d'enchantements. Dandy proustien de la Belle Époque, tour à tour dessinateur, compositeur et décorateur, il allait contribuer à d'importantes créations théâtrales, mettre le pied à l'étrier du jeune Arthur Honegger, collectionner les tableaux rares et les objets étranges.
Son goût de la douceur de vivre ne l'empêchera pas de se voir rattrapé par la brutalité de l'histoire et d'embarquer, comme juif, dans le dernier convoi pour Auschwitz.
A travers son destin, c'est au basculement d'un monde que nous assistons. Basculement d'autant plus tragique que presque rien n'a subsisté de cette école de la légèreté souvent dédaignée dans la seconde moitié du XXe siècle. Artiste plein de charme dans l'ombre d'amis plus illustres, Fernand Ochsé est un guide idéal pour redécouvrir ces années modernes et joyeuses qui ont tant contribué au mythe parisien.
Plus qu'un essai politique sur Paris, voici le récit tragi-comique des promenades d'un Parisien, qui est également une fantaisie sur la figure politique moderne incarnée ici par Anne Hidalgo, prêtresse du Bien peu concernée par la réalité du terrain. Anecdotes, réflexions et fantasmes se conjuguent dans un texte atypique et drôle, dans lequel la critique de la vie quotidienne épouse l'imagination du romancier.
Benoît Duteurtre a des soucis. Parfois, au milieu de la nuit, une étrange créature - qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Anne Hidalgo - vient le réveiller et lui ordonne d'enfourcher un Vélib' pour mettre Paris à l'heure « vertueuse » et « responsable ».
Le matin, pourtant, lorsqu'il arpente les rues, une autre réalité s'impose : celle d'une ville dégradée où les mesures censées combattre l'automobile aggravent les embouteillages et la pollution, tandis que les adeptes des « circulations douces » vous foncent dessus au milieu des trottoirs.
Observateur minutieux et piéton impénitent, Duteurtre décrit les transformations du mode de vie urbain. La fête organisée, la touristification intensive, l'uniformisation des marques et l'affichage des bonnes causes caractérisent désormais une « ville-propagande » où la communication l'emporte sur le réel... Mais la maire n'a pas dit son dernier mot.
Cette chronique fantaisiste poursuit, sur un mode très personnel, le décryptage des moeurs contemporaines amorcé par Benoît Duteurtre dans ses romans et dans ses essais.
La cinquantaine séduisante, Florence dirige une agence de communication. Sa vie s'organise entre Paris et un village de montagne, où elle dispose d'une maison perdue.
Chaque week-end, elle s'y rend par le train. Attentive à l'évolution de la SNCF - ses tarifs modulables, ses systèmes aberrants de réservation, ses lignes secondaires en décrépitude -, elle y voit le reflet des transformations de l'époque.
Un soir de novembre, elle découvre un grand réverbère tout neuf, planté à l'embranchement de son chemin. Elle déteste aussitôt cet éclairage cru, qui marque l'irruption de la « modernité » dans un paysage épargné. L'irrésistible appel du progrès réjouit les villageois. Florence, elle, se désole.
Quelques semaines plus tard, trois rutilantes poubelles de tri sélectif, installées au pied du réverbère, signent l'intrusion de l'écologie bureaucratique dans la vie rurale. Attachée à ses souvenirs bucoliques, prise dans les contradictions de sa double vie, Florence sent que le monde lui échappe.
Après Service clientèle (Gallimard, 2003) et La Petite Fille et la cigarette (Fayard, 2005), Benoît Duteurtre brosse un portrait de l'individu égaré dans les pièges de la société contemporaine. Ce roman, imprégné des paysages de montagne, illustre la liquidation des rêves humanistes par un capitalisme à très grande vitesse.
Je me pose des tas de questions.
Pourquoi l'Europe adopte-t-elle la langue d'un pays qui vient de la quitter ?
Pourquoi un président si préoccupé des droits de l'homme se rend-il fièrement en Arabie saoudite ?
Comment la Ville de Paris entend-elle diminuer la pollution en augmentant les embouteillages ?
Plus question, en revanche, de se prélasser au lit avec des croissants dans ces hôtels où vous attend le buffet collectif, propice aux rencontres professionnelles du petit matin.
Ce livre d'humeur est aussi un livre d'hommages : une ode à Barry White et à ses orchestrations, un salut au théâtre de boulevard, une célébration d'Olivier Messiaen, un coup de chapeau à Manessier et aux peintres de la seconde école de Paris. Et diverses choses encore qui enchanteront, j'espère, ceux qui prendront la peine d'aller voir et entendre...
Après avoir décliné, depuis les années 1960, dans le vent de mépris qui s'attachait à la musique dite « légère », l'opérette connaît depuis quelque temps un regain de vigueur. ce genre à l'influence universelle, né sur les bords de la seine, a donné lieu à un répertoire immense. son humour, sous lequel se déploient tous les sentiments humains, lui assure une séduction immédiate qui n'exclut pas un grand raffinement musical. de jeunes troupes et des productions séduisantes lui assurent aujourd'hui un public renouvelé.
Cet ouvrage retrace le rôle éminent de l'opérette dans l'histoire artistique, depuis la naissance du genre, vers 1850. il met en valeur tous ceux qui concourent à la réussite du spectacle : compositeurs, librettistes, chanteurs, décorateurs, directeurs de théâtre... en privilégiant ceux qui symbolisent à eux seuls l'originalité d'une tradition musicale : hervé, offenbach, lecocq, audran, messager, terrasse, yvain, hahn, van parys, beydts, et tant d'autres maîtres moins connus. leur imagination a façonné ce répertoire en lui prêtant un mélange unique de raffinement et de bouffon-nerie, de séduction et d'érudition, d'anticonformisme et de science joyeuse.
Depuis sa première édition de l'ouvrage en 1997, benoît duteurtre n'a cessé d'approfondir sa fréquentation de la muse légère ; il propose une nouvelle version largement revue, qui tient compte des productions récentes et reflète le retour en grâce d'un genre appelé à plaire au plus grand nombre.
Romancier et critique musical, benoît duteurtre anime depuis dix ans sur france musique l'émission etonnez-moi benoît, consacrée à l'opérette.
Pourquoi les militants gays préfèrent-ils le mariage à la modernité du Pacs... adopté par un nombre croissant d'hétérosexuels ?
Comment les cyclistes sont ils devenus des goujats depuis qu'ils incarnent le « développement durable » ?
En quoi la légalisation des drogues douces présenterait maints avantages pour la santé et la sécurité ?
Pourquoi la France est-elle si déprimée et souvent si mal vue dans le monde ?
Pourquoi le roman contemporain est-il en pleine forme ?
Pourquoi le passé est-il aussi intéressant que l'avenir ?
Partant d'humeurs, d'expériences, d'observations personnelles, chacun de ces textes gomme les frontières trop simples entre le bien et le mal, le progrès et le conservatisme. On aura du mal à faire entrer dans une case Benoît Duteurtre, ce « nouveau réactionnaire » opposé à l'emprise des religions, cet anarchiste favorable au rôle de l'État et des services publics... en tout cas ce romancier passionné par son époque, au point de se transformer provisoirement en essayiste.
bienvenue à town park, le centre historique d'une capitale de la vieille europe ! monuments, rues médiévales, jardins et immeubles, tout a été racheté par la compagnie, un groupe de loisirs.
les touristes affluent. les habitants vivent au milieu d'une fête permanente. en échange de certains avantages, ils doivent porter des costumes d'époque : peintres impressionnistes, belles dames du temps jadis... longtemps réfractaire à la privatisation de sa ville, le héros de la cité heureuse a pourtant fini, comme les autres, par céder aux sirènes du changement. figurant résigné du spectacle touristique, il écrit des scénarios pour la télévision et mène une existence tranquille à town park.
mais son bonheur est fragile. dans sa vie comme dans sa ville, tout commence à se déliter. après la petite fille et la cigarette, traduit dans de nombreux pays, benoît duteurtre nous offre une fable grinçante et visionnaire. ce roman, riche en histoires finement articulées, emploie l'arme du rire face à la folie d'un monde (en tout point semblable au nôtre) où son narrateur aimerait trouver un peu de sens.