Une femme se souvient de tout ce que les hommes lui ont dit ou fait dans la rue tout au long de sa vie de petite fille, jeune fille et femme ; des cailloux jetés dans les roues de son vélo à des mots beaucoup plus crus qu'un inconnu surgi de l'ombre a lancés contre elle et sa robe d'été. Certains de ces hommes l'ont suivie, d'autres n'ont fait que la frôler.
Leurs mots étaient tantôt offensants, tantôt romanesques ou drôles, voire incongrus. Comme ceux de ce « harceleur » attachant, P'tit Pau, un simple d'esprit de son village natal...
Confrontant son expérience à celles des autres, voisines, amies - personnages de femmes souvent très libres dans leurs paroles et leur corps -, elle mène l'enquête sur ce qu'est devenu l'espace public aujourd'hui, où écouteurs, casques et oreillettes entravent la rencontre fortuite et furtive.
Renouant avec l'écriture du corps et des sensations, Fabienne Jacob tisse en creux, dans le cadre d'un débat d'actualité qui fait rage, un éloge de la rue joyeuse, vivier foisonnant et insondable, terrain de prédilection du jeu et du hasard.
Trois étudiantes en lettres partagent tout dans un appartement communautaire surnommé Campo. Il y a là Helga, la narratrice, Rosie, serveuse à ses heures et Sambre, l'amie charismatique qui mène la danse. Bientôt se joint à elles Anders. Un esprit libertaire souffle sur le meublé foutraque jusqu'au jour où Sambre claque la porte et disparaît sans un mot.
Ce départ signe l'arrêt de mort de Campo et de la jeunesse en général. Les trois amis abandonnés se lancent alors dans la vie active et adulte comme on saute dans le néant du haut d'une falaise. Une question traverse tout le roman, dont la disparition inexpliquée de Sambre est à la fois le point de départ et le fil rouge : comment s'inventer une vie ? Comment survivre dans le réel après des idéaux de jeunesse aussi puissants ?
Un livre joyeux, plein de sève et de vie, venu tout droit de l'ancien monde comme un baume
Je n'aime pas les femmes comblées, tout le monde pense qu'elles sont heureuses elles ont tout pour l'être.
Je ne le pense pas, elles ne sont pas heureuses j'aime mieux les femmes à qui il manque quelque chose celles qui désirent à celles qui possèdent. J'aime mieux celles qui continuent d'attendre qui continuent de palpiter. " Chaque jour, Monika arrive la première à l'institut de beauté. Elle observe, écoute, juge parfois les clientes qu'elle voit défiler dans sa cabine. Toutes lui racontent des histoires, des plus anodines aux plus intimes.
Loin des chairs lisses et insipides jetées en pâture à notre imaginaire, Fabienne Jacob fouille l'opacité des corps et brosse un portrait sensible de la femme contemporaine.
«Oui j'ai bien l'âge que j'ai dit. Et pourtant ce ne peut être le mien. Actuellement à la météo ils indiquent la température relevée sur le thermomètre, mais ils en donnent aussi une autre, la température ressentie qui peut être sensiblement différente. De même que pour la température, il faudrait inventer le concept d'âge ressenti.»
Eva est photographe de mode pour enfants. Un appel pressant de sa soeur Liv l'oblige à revenir séance tenante dans son village natal de la frontière franco-allemande. Sur l'autoroute, souvenirs et pensées affluent et se bousculent à bord de la voiture de location : son rapport, parfois cynique, aux enfants qu'elle prend en photo, son enfance avec Liv, qui soigne aujourd'hui les gens à coups de petites phrases énigmatiques, et aussi les visites rendues à Irène, leur mère, perdue dans les méandres de sa mémoire défaillante. Au terme de ce long voyage sur l'autoroute rectiligne, Eva n'est plus la même.
Ce roman est celui d'une modification intérieure. Mêlant les temps et les portraits de trois femmes aux prises avec leur époque, il sonde en profondeur les rouages d'une société fondée sur le profit, le court terme, et remet en question la place de l'enfant et celle de la femme. Sa construction non linéaire est rythmée par des séances qui s'entrechoquent et s'éclairent les unes les autres. D'une écriture limpide, ce livre est une ode à la possibilité, loin des itinéraires tout tracés, de bifurquer. D'échapper.
'L'attraction, les femmes l'attrapent au creux de leurs flancs dès qu'elles passent à ma hauteur. Chaque foulée me rapproche de mon instinct d'origine, chaque pas m'éloigne de mon être de surface. L'appel du corps, un appel d'intérieur à intérieur, des chiens qui se sentent. Elles aussi, les petites, elles bichent. Le côté voyou dont je ne réussis pas à me défaire les aimante. J'ai tout fait pour paraître français, le plus français possible.
J'ai failli réussir.' Toute sa vie Tahar a aimé ce qui coule, les fleuves, les pluies, les femmes... Quand vient sa dernière heure, montent en lui les visions de l'Algérie qu'il a quittée. L'enfance dans l'incandescence du djebel et la lumière coupante comme un crime en plein midi. Et aussi la guerre qui ne dit pas son nom, mais contraint les hommes à des choix. Au chevet de Tahar demeurent quatre personnes dont les pensées le traversent, bruissantes. Un ex-soldat, une femme aimante, un beau-père qui lui fourgue des prières chrétiennes et un fils muré dans le silence. Chaque voix sonde, à sa façon, la blessure muette de Tahar, mais une seul parvient à la dénouer et à la déborder. Celle qu'on attendait le moins. Et qui monte en même temps qu'une averse d'été, soudaine, éphémère et toute-puissante.
Adèle possède l'intuition des corps. Une odeur, un grain de peau, un repli de chair suffisent à percer Le mystère des êtres, à dévoiler Leur vie intérieure. C'est un don venu de l'enfance, apprivoisé dans l'ennui d'étés brûlants passés dans une petite ville de l'est de la France. Seuls l'attirent les hommes qui résistent au don, les corps opaques et impénétrables comme celui de Simon.
J'ai glissé de ces choses au creux de leur oreille, je ne me souviens pas de tout.
Traces de sang dans leur lit. J'ai presque toujours été payée de retour de ces choses que l'on dit tout bas. J'ai traversé des villes qui sentaient le géranium, mis des chaussures à talons robe d'été. La biche au bois le fleuve à la mer. Le plus souvent quatre à quatre j'ai gravi des marches, roulé dans mes paumes de ces cantiques, frappé à leurs portes. Au creux de mon oreille ils m'ont glissé de ces choses eux aussi.
Une voix féminine égrène des souvenirs: l'Est, l'enfance et le père. Temps étrange et vide des après-midi: dans une voiture quand le soir tombe sur une autoroute pluvieuse; dans une chambre anonyme de VVF, devant une brique de lait. Temps heureux et plein des après-midi: celui d'une amoureuse qui traverse la ville pour un rendez-vous, celui d'une petite fille qui se chauffe les cuisses sur un abreuvoir de métal...
Onze nouvelles à l'écriture sensuelle et musicale pour dire les plaisirs et les jours, l'éphémère et l'intime.
Livre pour enfants en Français et en franzig avec de l'alsacien à la fin. Les enfants peuvent colorier et apprendre l?alphabet avec un petit chat malin comme un singe.
Dix contes spécialement choisis pour les 6-10 ans : de quoi les faire rêver, développer leur attention, leur offrir de belles histoires pour s'endormir et leur permettre de partager la culture qui nous a façonnés. Lue par Fabienne Prost, cette sélection rassemble les plus beaux contes classiques : Ali Baba et les 40 voleurs, conte des Mille et une Nuits ; Le vaillant petit tailleur (Grimm), Barbe-Bleue (Perrault), Le stoïque soldat de plomb (Andersen), Le serpent blanc (Grimm), Histoire de celui qui s'en alla apprendre la peur (Grimm), La petite sirène (Perrault), Les habits neufs de l'empereur (Andersen), Le crapaud (Andersen), et Aladin (Mille et une nuits).