Saviez-vous qu'au siècle de la machine à vapeur, on s'inquiétait déjà de la surconsommation d'énergie et des limites à la croissance?? Pensiez-vous que la «?fée électricité?» avait été rejetée par des réfractaires au confort moderne, soucieux de ne pas dépendre de grands systèmes techniques?? Imaginiez-vous que nos ancêtres fustigeaient les automobilistes «?écraseurs?» et s'en prenaient à l'accélération des transports?? Que des travailleurs s'opposaient au sacro-saint «?développement des forces productives?»?? Que des écologistes avant l'heure alertaient sur la destruction de la nature par la civilisation industrielle?? Contrairement au fameux adage selon lequel «?on n'arrête pas le progrès?», le recours à l'histoire démontre qu'il n'y a pas de fatalité technologique. L'humanité n'est pas vouée à s'adapter, résignée, à l'implacable règne des machines. La course à la puissance a toujours fait face à de profondes remises en cause. Les textes réunis ici s'appuient sur la mémoire de ces résistances pour nourrir la réflexion actuelle autour de la nécessaire décroissance. Alors que l'expansion indéfinie nous conduit à l'abîme et que l'artificialisation du monde s'intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales.
Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d'aujourd'hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l'industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets.
Contre l'immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s'est ainsi constituée ; ce livre d'histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une « croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s'est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.
En dehors de quelques réseaux libertaires, personne ne connaît plus aujourd'hui Émile Gravelle ou Henri Zisly, auteurs pourtant prolifiques, expérimentateurs aventureux et figures de proue du mouvement des anarchistes dit « naturiens ». Durant une vingtaine d'années, ce petit groupe n'a cessé de dénoncer les absurdités et les impasses de la civilisation industrielle, et de militer pour un retour à « la vie naturelle ».
Le mouvement naît à Paris en 1894, à l'initiative du peintre et dessinateur Émile Gravelle. Il énonce les principes d'une vie naturelle opposée à la vie artificielle qui semble alors s'imposer avec le développement du capitalisme industriel et l'urbanisation qui en découle. Par la suite, le mouvement grandit et donne lieu à de nombreuses publications, des groupes plus ou moins éphémères se forment à Paris et en province, des essais de communautés vivant selon ses idées se développent en différents lieux.
L'idéal naturien subsiste longtemps dans les marges du mouvement libertaire, même si la Grande Guerre et les mutations politiques qu'elle entraîne accélèrent sa marginalisation. Leurs textes, écrits il y a plus d'un siècle - dans une époque traversée par de rapides bouleversements, des aspirations et des craintes qui demeurent plus que jamais les nôtres -, restent d'une étonnante actualité.
On retrouve aujourd'hui des plaidoyers comparables pour un retour à la nature chez les primitivistes américains, qui n'ont sans doute jamais lu ces lointains prédécesseurs européens. Dans leurs conflits et divergences, dans leurs contradictions mêmes, les naturiens furent d'indéniables précurseurs de la décroissance, de son utopie comme de ses difficultés.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance.
L'apport des anarchistes naturiens à cette pensée est présenté ici par François Jarrige ; la seconde partie de l'ouvrage est composée d'extraits qui offrent un accès direct à son oeuvre.
Depuis l'Antiquité, chaque étape du développement technologique a suscité des résistances.
Au début de l'ère industrielle, quand les machines prennent le pouvoir en privant les artisans d'ouvrage, la destruction des métiers textiles devient une pratique fréquente. Mais ces oppositions sont bientôt rejetées comme rétrogrades par le discours conquérant du progrès, alors qu'elles révèlent un univers fécond. L'économie toute-puissante finit par imposer dans le sang le règne de l'efficacité. Le pouvoir des machines triomphe contre celui des hommes, leur expansion provoque de multiples résistances au sein de groupes sociaux et de courants intellectuels divers.
Aujourd'hui, où certains annoncent la « convergence » des technologies, cette résistance prend des formes nouvelles.
En étudiant les bris de machines dans leurs contextes socio-économique et culturel, François Jarrige explore la genèse de la société industrielle. Plutôt qu'un processus linéaire et inéluctable, celle-ci fut une confrontation permanente entre des pratiques et des imaginaires concurrents. Au plus près des acteurs, ce livre présente notamment la « grammaire » des résistances ouvrières : pourquoi, comment et au nom de quelles idéologies des machines furent brisées.
Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d'aujourd'hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l'industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets. L'introduction de machines censées alléger le travail, les macrosystèmes techniques censés émanciper des contraintes de la nature, la multitude des produits technoscientifiques censés apporter confort et bien-être ont souvent été contestés et passés au crible de la critique.
Contre l'immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s'est ainsi constituée : ce livre d'histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une « croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s'est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.
Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l'environnement se sont transformés en pollutions globales. Rendre compte de l'histoire des pollutions à l'échelle planétaire permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement face à un processus qui semble devenu inéluctable. Car le grand mouvement de contamination du monde qui s'ouvre avec l'industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles successifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles. Cet ouvrage analyse les conflits et l'organisation des pouvoirs à l'âge industriel, mais aussi les dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.
La question de l'énergie et de ses crises sature l'actualité, les médias, comme les agendas politiques. Grand défi du présent, elle modèle nos modes de vie et nos rapports au monde à l'heure du triomphe du numérique, de l'électrification totale et du changement climatique.
Longtemps, l'histoire de l'énergie a été ramenée à l'essor de la puissance rendu possible par le progrès technique, à un processus linéaire qui verrait les sociétés humaines maîtriser toujours plus leur environnement pour en extraire des ressources indispensables à leur fonctionnement.
Mais ce récit rassurant, qui n'a cessé d'accompagner la modernité, se fissure désormais à l'âge des crises globales et des inégalités béantes. La croyance dans l'abondance énergétique et la quête de puissance infinie qui la porte se heurtent aux limites planétaires, en dépit des utopies abstraites qui continuent de promettre l'énergie abondante et gratuite pour tous.
Cet ouvrage novateur retrace ces débats sur deux siècles en proposant une contre-histoire de l'énergie à l'époque contemporaine, depuis l'entrée dans l'ère industrielle et sa dépendance croissante aux combustibles fossiles. Ce faisant, il souhaite contribuer à l'avènement d'un autre système énergétique, plus sobre et durable, plus conforme aussi à la fragilité du monde, chaque jour plus apparente.
Le désenchantement qui accompagne notre modernité nous rend plus attentifs à celui des hommes et des femmes qui, en plein XIXe siècle, doutaient des vertus du progrès, des fantasmagories de la technique et de la toute-puissance du sujet rationnel - autant de grands récits dont l'épuisement récent a profondément renouvelé le regard sur ce siècle.
Depuis une trentaine d'années, les historiens insistent sur les multiples possibles qui se sont entrouverts alors et qui portaient en eux les germes d'une émancipation qui ne s'est pas produite. Ils repensent en profondeur les chemins de l'industrialisation et les con?its qu'elle a engendrés, ils restituent les mutations du temps et de l'espace perçus, ils déconstruisent les illusions de la culture « démocratique » et d'un « universalisme » exclusivement blanc et masculin, ils retracent aussi les formes plurielles de l'expérience coloniale, entre violences extrêmes et accommodements...
Ce sont tous ces déplacements historiographiques dont cet ouvrage propose un panorama à la fois savant et vivant, ancré dans la chair du passé. Ce livre conserve du XIXe siècle son désir de récapituler - sans enfermer -, du XXe siècle son optimisme mesuré, du XXIe siècle son inquiétude ré?exive.
Enseignants, intellectuels, soignants, parents, syndicalistes...
Développent une critique de la numérisation de l'éducation, de la petite enfance à l'université.
Tout ce dont l'étudiant a besoin pour le sujet 2021-2022 d'Histoire contemporaine des agrégations d'Histoire, de Géographie et du Capes. Comme tous les Clefs-concours, l'ouvrage est structuré en trois parties : - Repères : le contexte historique - Thèmes : comprendre les enjeux du programme - Outils : pour retrouver rapidement une définition, une date, un personnage, une référence
En cette période de crise économique et de remise en cause du capitalisme, la coopération revient à la mode. Mais on ignore encore beaucoup de l'histoire de ce mode d'organisation qui prétend mettre la démocratie au coeur de l'économie. Si les cadres institutionnels, et les débats théoriques que les coopératives ont suscités depuis le début du XIXe siècle sont bien connus, leur histoire pratique reste largement ignorée. Que se passe-t-il une fois franchie la porte de la cave coopérative, du magasin ou de l'atelier ? Comment s'organise, au jour le jour, le travail des coopérateurs ? Quand peut-on dire qu'une coopérative est une réussite ? Et comment ses membres participent-ils aux évolutions de la société de leur temps?Ce sont ces questions dont traite l'ouvrage, à travers les contributions de spécialistes de la coopération du XIXe siècle à nos jours. Une vingtaine de chapitres permettent de parcourir de manière inédite le quotidien des coopérateurs de l'Europe occidentale à la Russie, en passant par les États-Unis et l'Empire britannique. En scrutant les aspects concrets de l'utopie, les textes ici rassemblés nous renseignent sur le potentiel émancipateur de la coopération.
Le désenchantement qui accompagne notre modernité nous rend plus attentifs à celui des hommes et des femmes qui, en plein XIX e siècle, doutaient des vertus du progrès, des fantasmagories de la technique et de la toute-puissance du sujet rationnel - autant de grands récits devenus hégémoniques, mais dont l'épuisement récent a profondément renouvelé le regard sur ce siècle.
Depuis une trentaine d'années, les historiens insistent sur les multiples possibles qui se sont entrouverts alors et qui portaient en eux les germes d'une émancipation qui ne s'est pas produite. Ils repensent en profondeur les chemins de l'industrialisation et les conflits qu'elle a engendrés, ils restituent les mutations du temps et de l'espace perçus, ils déconstruisent les illusions de la culture " démocratique " et d'un " universalisme " exclusivement blanc et masculin, ils retracent aussi les formes plurielles de l'expérience coloniale, entre violences extrêmes et accommodements...
Ce sont tous ces déplacements historiographiques, et bien d'autres encore, dont cet ouvrage propose un magistral panorama, à la fois savant et vivant, ancré dans la chair du passé et soucieux de mieux faire prendre au lecteur la mesure de ce qui nous sépare et nous rapproche de la société de ce temps. Ce livre conserve du XIX e siècle son désir de récapituler - sans enfermer -, du XX e son optimisme mesuré, du XXI e son inquiétude réflexive.
Manger au travail, un sujet anecdotique pour les sciences sociales ? Les auteurs de cet ouvrage novateur affirment le contraire : la pause-repas qui interrompt la journée ou la nuit de travail offre, à qui sait l'analyser, un observatoire privilégié des sociétés contemporaines. Quoi de plus nécessaire que de se restaurer pour les travailleurs ? On imagine sans peine que l'appréciation des employeurs est tout différente face à ce temps mort du point de vue de la production. La pause-repas dans les sociétés industrielles et salariales est un enjeu de luttes incessantes, qu'elles soient ouvertes ou souterraines, les revendications des uns (allongement des temps de pause, choix des lieux de repas...) s'opposant aux logiques des autres (contrôle de la durée de pause, rationalisation de l'organisation du temps et de l'espace).
Comment, quand, avec qui et où mange-t-on pendant son temps de travail depuis plus de deux siècles ? La gamelle et l'outil pose de précieux jalons en croisant les pays (outre la France, l'Italie, la Pologne, la Suisse, l'URSS...) et les familles professionnelles - celles qui ont fait les riches heures de l'histoire ouvrière (les mineurs, les cheminots...) et d'autres moins étudiées (les ouvriers des arsenaux, les policiers, les salariés du cinéma...) -, mais aussi en mettant l'accent sur des pratiques rebelles (la « soupe communiste » et autres repas de grève) ou sur les imaginaires du repas au travail chez les premiers socialistes du XIXe siècle.
À la croisée d'une histoire sociale et politique, c'est toute l'organisation du temps et de l'espace des sociétés de l'ère industrielle qui se réfracte dans cette étude de l'alimentation au travail.
Dans son livre Discordance des temps. Une brève histoire de la modernité, paru en 2011, Christophe Charle reprend les différents objets et questionnements qui traversent toute son oeuvre pour élaborer unehistoire sociale et culturelle de l'idée de modernité. Dans le sillage de cet essai, le présent recueil explore la question des temporalités en étudiant les tensions, les décalages et les distorsions qui n'ont cessé de modeler, depuis deux siècles, les visions du passé et de l'avenir.
Adoptant des démarches et approchant des terrains variés, les auteurs ici réunis ont pour point commun de fonder leurs interrogations sur celles formulées par Christophe Charle, dans un dialogue nourri. Qu'il prenne la forme d'essais de synthèse - sur l'État moderne, l'expérience de l'exil ou la Commune -, d'études de cas autour d'événements qui font rupture (1871, 1945, 1968), ou de portraits d'intellectuels, tels ceux de l'abbé Grégoire ou Jacques Ellul, ce projet articule le concept de modernité à chacune des sociétés ici étudiées qui l'a expérimentée.
Cette approche anime les recherches et guide les travaux de la plupart des ancien·ne·s étudiant·es ou des proches de Christophe Charle qui ont accepté de contribuer à ce livre d'hommages, dont l'ambition est bien de passer d'une histoire hors-sol de la modernité à une histoire sociale et culturelle des expériences du temps et de l'avenir. Déjouant la difficulté d'accès aux sources comme à la parole des acteurs, écrire une histoire des pratiques de construction du temps social a aussi consisté à approfondir un travail collectif engagé depuis plusieurs décennies en l'inscrivant au présent des crises à répétition de la modernité.
Contributions de :
Anaïs Albert, Ludivine Bantigny, Nicolas Delalande, Quentin Deluermoz, Delphine Diaz, François Jarrige, Laurent Jeanpierre, Béatrice Joyeux-Prunel, Rémy Pawin, Pierre Verschueren, Marie-Bénédicte Vincent et Julien Vincent.
Postface de Christophe Charle.
Cet ouvrage propose un état des lieux de l'étude du flottag du bois en rassemblant les résultats d'enquêtes menées par des amateurs éclairés ou des universitaires et croisant divers regards disciplinaires : historiens, archéologues et géographes. Son ambition est de réunir des approches complémentaires sur une activité dont on mesure de plus en plus l'importance fondamentale, l'ancienneté et l'ubiquité dans le passé. Si certains aspects du flottag sont bien connus et ont retenu depuis longtemps l'attention de l'historiographie, un nouvel intérêt émerge pour ce sujet à l'heure des crises énergétiques et écologiques contemporaines et des nouvelles approches de l'histoire environnementale. L'ouvrage souligne ainsi les perspectives ouvertes par l'étude des pratiques sociales, des techniques et des acteurs, comme des imaginaires, mais aussi les nombreux enjeux environnementaux.