« Pourquoi, pourquoi ? Fais chier avec tes pourquoi ! Au bout du compte, il n'y a qu'une alternative fondamentale, immédiate, sans appel : c'est eux ou nous. Ce n'est plus la banalité du mal, c'est la normalité du mal. » L'enfant avait onze ans et il ne comprenait pas le jeu des adultes, « je te tue - tu me tues-par la barbichette ». Il ne comprenait pas non plus pourquoi son père, colosse bienveillant, restait immobile, allongé sur une dalle de marbre à la morgue d'Alger en cet hiver 1962.
L'enfant a grandi, il est devenu grand reporter. Il a sillonné le monde en quête de réponses, pour y trouver les raisons de la violence, de la douleur et de la mort. En navigateur frénétique qui vogue de port en port, de Beyrouth à Sarajevo, de Jérusalem à Bagdad, des profondeurs de l'Amazonie aux charniers du Rwanda.
Un long voyage de toute une vie à la manière d'Ulysse, porté par les vagues et la tempête et qui affronte les monstres marins et les sorcières, finit par descendre aux Enfers avant d'en revenir, pour retrouver la lumière du monde d'en haut. Un long voyage de l'ombre vers la lumière de la vie.
Si Ulysse revenait aujourd'hui en Méditerranée, que trouverait-il ? Une Mare Nostrum, une mer commune à tous ses habitants ou un espace coupé en deux, éclaté, balkanisé. Divisé au gré des rivalités, des cultures et des religions, entre les « civilisés » et les « barbares ». Serait-il plus étonné par les progrès réalisés ou horrifié par ses plaies ? Les hommes auraient-ils réussi à avoir enfin le même Dieu autour de la même mer ? La Méditerranée aurait-elle réussi à rester le centre de la culture, la lumière du monde, un joyau de l'humanité ou, frappée par une décadence effrayante, s'était-elle transformée un cul de basse-fosse de l'intelligence ? Ulysse pourrait-il nous dire qui nous sommes ? Me dirait-il aussi, comme Tirésias, qui je suis ?
Être méditerranéen, est-ce avoir une identité ou n'être plus que le « Personne » de Polyphème, quelqu'un aux origines diluées dans un monde mondialisé. Moi qui suis né sur ces côtes, amoureux et souffrant au bord de la mer, sidéré par les guerres mais hypnotisé par la lumière d'après incendie, qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Perdus ou sauvés ?
Il n'y a qu'un seul moyen d'obtenir une réponse à toutes ces questions. Refaire, pas à pas, ce grand voyage avec lui. En dérivant avec Ulysse.
Un homme sort du coma. Touché à la tête, par balle. Antoine, reporter, revient d'un pays en guerre. Sa plaie cicatrise, il se rétablit. Pourtant, il lui manque quelque chose d'essentiel. Une partie de son passé s'est évanouie. Il sait qui il est, ce qu'il faisait avant, n'a pas oublié les gens, les numéros de téléphone et son quotidien. Mais il a oublié le coeur de son voyage en Afghanistan. La mission, l'embuscade, la blessure. Et il ne comprend pas pourquoi la femme de sa vie a disparu.
« Trente-cinq ans que je cours le monde et ses tourments. La première fois que j'ai vu l'exode d'une population, en dehors d'une guerre, c'était les boat-people qui fuyaient le régime d'Hanoï. Des jonques en bambou sur la Mer de Chine, les naufrages, tous les éléments étaient déjà là. Mais ces migrants étaient des réfugiés politiques et le monde les regardait d'un oeil bienveillant et attentif.
Avec le temps, l'exode des migrants n'est plus devenu un phénomène exceptionnel. Et le monde s'est lassé. J'ai suivi les barques, les pateras qui affrontaient le détroit de Gibraltar, les pirogues de la mort pour les Canaries, les zodiacs de Turquie vers l'île grecque de Lesbos, le flot des épaves vers le Canal de Sicile. Jusqu'à Lampedusa, caillou submergé par le flux. J'ai suivi le sillage de ces bateaux ivres, sur mer et sur terre, dès leur point de départ, un village subsaharien, un désert érythréen de la corne de l'Afrique, une capitale arabe, une montagne d'Afghanistan ou de Syrie. Je voulais faire le récit choral de ces centaines de milliers d'hommes et de femmes qui ne voient qu'une seule issue, partir, pour la grande traversée, à travers notre mer, la méditerranée. Nous, Européens, nous hésitons toujours, entre aveuglement volontaire, compassion et répression. Sans parvenir à définir une attitude réaliste, une politique commune. Pendant ce temps-là, ils partent. Avec la force des désespérés ou des conquérants. Et rien ne les arrêtera. » Jean-Paul Mari
" Cette nuit, j'ai fait un rêve éveillé.
Il était tard et Bagdad était impeccable de tranquillité. Le Tigre coulait, puissant, sa surface hérissée par une brise qui lui donnait la chair de poule. Puis on a entendu comme un orage en montagne. D'abord des grondements lointains, les premiers éclairs qui s'approchent, venus d'une autre vallée, et le premier coup de tonnerre, énorme, au-dessus du toit. Le bruit a réveillé les systèmes d'alarme des voitures et les chiens ont hurlé à la mort.
Haut dans les ténèbres s'est allumé le vol de papillons rouges des obus de 57 mm de la DCA. Sur l'autre rive du Tigre, deux boules de feu, brèves, intenses. Quelqu'un a claqué des portes dans le ciel. Et tout l'horizon s'est éclairé. L'orage, toujours l'orage, une pluie d'éclairs, rythmé par le grondement sourd et répété des bombardiers B-52, comme une lente pulsation, le battement d'un coeur qu'on écoute au stéthoscope.
De la mosquée d'à côté est montée la voix du muezzin rendant grâce à Dieu. " J.-P. M. Hiver et printemps 2003, Jean-Paul Mari est en Irak. Le jour, il couvre la guerre ; la nuit, il tient son journal. Sa caméra littéraire raconte avec humanité le quotidien d'une guerre que l'on n'a pas vue.
Je suis grand reporter.
Trente ans que je couvre les guerres du monde. au début, je ne savais pas ce qui m'attendait. massacres, charniers, tortures et viols. j'ai plongé dans la nuit. très vite, j'ai remarqué ces hommes que la guerre a rendus fous: héros terrorisé par ses cauchemars, ancien commando soudain muet ou vétéran qui se tire une balle dans la bouche. ce mal, étrange, est aussi répandu que tabou. rwanda, bosnie, irak, algérie, vietnam, liban.
De partout, des hommes reviennent brisés. depuis ce jour oú ils ont rencontré la mort, dans la gueule d'un fusil, le regard d'un ennemi ou les yeux d'un ami. a bagdad, mon hôtel a reçu un obus. j'ai vu un confrère couché sur la moquette. a la place du ventre, il y avait une tache blanche et nacrée. alors j'ai commencé une enquête qui m'a mené dans plusieurs pays. j'ai interrogé les combattants et les psychiatres, fouillé les livres, la peinture et les films, l'ethnologie et la mythologie.
Une chose est sûre: si on n'affronte pas la douleur de la guerre, elle nous tue. il faut plonger en nous-mêmes et se reconstruire pour trouver la guérison. oui, on peut en mourir, survivre et revivre. et ce mal ne nous parle que de vie et d'humanité. ceci est ma plus grande enquête.
" Je crois que nous entrons dans la nuit ", lui avait dit un ami algérien.
Depuis dix ans Jean-Paul Mari, né à Alger, correspondant de guerre rompu aux grands conflits, a vu la confirmation de ce pressentiment. Voyage après voyage, il plonge au coeur d'un pays où les islamistes armés des GIA affrontent les militaires et les Ninjas du régime. Il explore les banlieues de la capitale, la Casbah, la plaine de la Mitidja et les montagnes de Kabylie. Il observe les partis politiques, les élections et les manifestations, écoute les cris des torturés et des tortionnaires, militants islamistes, miliciens pro-gouvernementaux., jeunes, chômeurs, femmes, journalistes ou écrivains d'un peuple pris en otage.
Loin du sectarisme et d'une vision monolithique, il se livre à une enquête en profondeur sur les lieux des meurtres, des grands massacres, dans les rues, les villages, les cimetières et les mosquées. Avec en tête une question, obsédante : quelle est la nature de ce mal algérien, de cette violence cruelle et délirante ? Dangereuse enquête à la fois rigoureuse et pleine de compassion. Comment l'auteur ne se tournerait-il pas aussi vers le passé, le sien et celui de la guerre d'indépendance ? Pour mieux comprendre pourquoi aujourd'hui, là-bas, on assassine l'Algérie.
Cet ouvrage Domaines d'activités 4 - Soutenir le fonctionnement et le développement de la PME pour les 1re et 2e années du BTS GPME, couvre l'ensemble du bloc de compétences 4 conformément au référentiel et prépare à l'épreuve E6.
Il est proposé au choix en livre papier + licence numérique i-Manuel ou en 100% numérique i-Manuel.
En version imprimée, cet ouvrage propose en complément une licence numérique i-Manuel 2.0, la solution pour mettre les élèves en activité sur ordinateur ou sur tablette.
>> Les infos pratiques sur le i-Manuel 2.0 à découvrir ci-dessous - Dans cette édition : un balisage par chapitre indique les compétences Pix abordées.
- Un ouvrage proposant une pédagogie active qui développe les compétences de veille, la prise d'initiative, le travail en mode projet.
- Les compétences transversales en informatique et en communication, balisées par des pictogrammes, sont réactivées au fil des chapitres.
- Les compétences rédactionnelles sont développées à travers des demandes fréquentes d'écrits structurés.
- Pour permettre la différenciation pédagogique, les applications sont graduées en 2 niveaux de difficulté: maîtrise et expertise.
Structure de l'ouvrage :
- Des mises en situation placent l'étudiant en contexte professionnel réaliste de PME dans des domaines variés.
- Une rubrique « Travail à faire » permet l'apprentissage des notions à travers la réalisation d'une mission professionnelle.
- Le questionnement s'appuie sur des annexes variées et des fiches ressources.
- Des applications permettent ensuite la mise en pratique.
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* Des mises en situation placent l'étudiant en contexte professionnel réaliste de PME dans des domaines variés.
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"La poésie de Paul Mari n'a rien à proprement parler d'une partie de plaisir bien qu'elle dispense de singulières jouissances : avec les simples mots des hommes de tous les jours, le poète de Coaraze nous révèle l'absurdité d'une réalité égarante en laquelle il décèle une métaphysique des petits riens où notre existence se défait, où nos jours et nos nuits se dissipent en poussières de particules grises." André Chenet
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JAFFA.
Le soir, on mange des poissons au safran, au citron, au fenouil. Et des rougets grillés, tendres et craquants. Ceux que les Palestiniens appellent les " sultan Ibrahim ". Sur le port de Jaffa, on peut manger la mer... TEL-AVIV. Ici, tout le monde marche, court, nage, roule, s'entraîne, s'affaire. Cette ville est une boule d'énergie au soleil. GAZA. Un tank ne parle pas. Mais il s'exprime. Selon un code décrypté par le journaliste ou l'ambulancier qui lui fait face.
S'il s'abaisse et s'élève alternativement, lire " Relève ta chemise et avance... doucement. Tout doucement ". RAMALLAH. Ils sont quatre lions, massifs, blocs de pierre taillés hauts de deux mètres, fauves en cage plantés au centre d'une cité cultivée, prospère et tolérante, celle qu'on surnommait autrefois la " fiancée de Palestine " où, quand il n'y a pas la guerre, on aime l'alcool, la danse, les affaires et la fête.
JÉRUSALEM. Au crépuscule, la pierre blanche des murailles vire jaune citron, crème brûlée, puis blêmit et s'éteint dans un souffle d'indigo.