« Être en vie, c'est faire cadence avec le rythme du monde, répète-t-il à qui veut l'entendre. Pour les coeurs humains comme pour les coeurs mécaniques, tout commence par un mouvement. ».
Combien de souvenirs faut-il pour réveiller un coeur engourdi ?
RACONTER UN PAYS SANS EN PRONONCER LE NOM...
Un matin de décembre, Lila, une jeune violoncelliste, joue un air de Bach pour les habitués du Temps suspendu, un café de la rive gauche, à Paris. Parmi eux, il y a le vieux Salomon, un horloger à la retraite qui, grâce à cette musique, voyage vers un ailleurs qu'il croyait oublié. Vers une contrée située de l'autre côté de la Méditerranée, qu'il a fuie cinquante ans auparavant - un lieu dont était aussi originaire le père de Lila.
Commence alors un échange entre deux déracinés, qui se croisent depuis des années, sans vraiment se connaître. Ils se racontent l'exil, la guerre, le temps qui passe, l'amour. Ils partagent cette terre idéalisée qui a vu naître l'un, mais pas l'autre, et qui pourtant prend toute la place. De souvenirs en confessions, c'est toute une existence, tout un pays, qui revient à la vie...
Pourtant, quand se pose la question d'y retourner, le vieux Salomon hésite. À son âge, à quoi bon abîmer ses souvenirs en les confrontant à la réalité ?
Inspiré de la vie du grand-père de l'auteure, qui a un jour quitté l'Algérie pour ne plus jamais y retourner, ce premier roman oscille entre le fantasme du pays que l'on perd et celui que l'on reçoit en héritage.
Tout part d'un simple geste, celui de farder sa bouche. Un geste anodin, associé par excellence à la féminité, dans lequel se jouent pourtant nombre d'invisibles dialectiques. Symbole d'émancipation des femmes ou de leur soumission, emblème de patriotisme ou de trahison, de conformisme ou de rébellion, de plaisir ou d'aliénation... Il est un langage muet, mi-parure mi-porte-voix, qui raconte autant l'intime que le collectif.
À travers les pérégrinations du bâton de rouge, qu'il se pose sur les lèvres des suffragettes, des prostituées, des garçonnes, des soldates ou des stars du cinéma, c'est bien de la place des femmes dans l'espace public qu'il est question ici. De la ruée dans les premiers grands magasins à la fin du xixe siècle à l'ère post-MeToo en passant par le lipstick feminism, le récit de Rebecca Benhamou frappe à toutes les portes, donnant la parole aussi bien à Zola qu'à Madonna, à Fitzgerald qu'à Colette, à Roosevelt qu'à Vivienne Westwood.
Laïque, insolente, outrancière. Tel Aviv ne séduit pas uniquement par sa beauté mais aussi par sa laideur. Et ne fait pas toujours l'unanimité.
Pour les uns, elle est trop bourgeoise ; pour les autres, elle manque de culture et de raffinement.
Le long des 14 km de bord de mer, la jeunesse se dénude sans complexe. Maintes fois psalmodiée dans les brochures touristiques, Tel Aviv aime la fête et se présente volontiers comme la fontaine de Jouvence de la région.
Pour autant, elle est bien plus qu'un « nouvel Ibiza ». Îlot de liberté religieuse, politique et sexuelle, elle se définit comme un électron libre, et, comme toute autre métropole, a aussi sa part d'ombre. Son mot d'ordre ?
Vivre à bride abattue et profiter de chaque instant. Car, comme l'écrit Etgar Keret, « au Proche-Orient, les gens ont plus conscience d'être mortels que les autres habitants de la planète. »
"Je suis née dans un petit village de la Russie des tsars. Il a fallu me battre à mort pour me faire revivre. Ces coups ne furent que les premiers de ceux que je dus endurer tout au long de ma vie". Lorsque Chana Orloff arrive à Paris à l'été 1910, elle n'a qu'une idée en tête : être libre. Mais qu'est-ce qu'une femme libre, à l'aube du XXe siècle, sinon une femme seule ? Pour réaliser ses rêves, elle a fui les pogroms de Russie, et les champs de Palestine, où sa famille la conjure de revenir.
Agée de vingt-deux ans, elle est loin d'imaginer que le Tout-Montparnasse va faire d'elle une reine, une sculptrice reconnue dans le monde entier. Amie fidèle de Soutine et de Modigliani, elle va épouser un proche d'Apollinaire et fréquenter l'avant-garde du carrefour Vavin, à l'heure où l'amour se conjugue au pluriel. Mais quand la guerre éclate, l'ivresse des années folles n'est plus qu'un lointain souvenir.
Commence alors une extravagante épopée pour sauver sa vie - s'accrochant à cette liberté à laquelle elle n'a jamais renoncée, et à son art qui lui a donné des ailes.