Ce recueil posthume publié en 1912 réunit des essais sur la conscience, l'expérience pure, les relations ou l'activité et expose l'essentiel de la philosophie de l'expérience de l'auteur, développant une nouvelle approche de la conscience.
Depuis l'apparition de la vie, l'homme est la première espèce en mesure de bouleverser les conditions climatiques régnant sur la Terre. D'ici moins d'un siècle, l'augmentation de l'effet de serre, conséquence d'un usage croissant de l'énergie, est susceptible de provoquer un réchauffement sans précédent de notre planète. Mais qu'est-ce que l'effet de serre ? Quelles sont les activités émettrices de gaz à effet de serre ? Les prévisions sont-elles fiables ? Est-il possible d'estimer les conséquences de ce changement climatique et de gérer les risques encourus ? Et enfin, que faire si nous jugeons cette évolution inacceptable et si nous voulons décider de notre avenir ? Projetés au coeur d'un débat de société d'une ampleur inédite, les chercheurs sont partagés entre une nécessaire prudence, la science n'ayant pas encore de réponse évidente aux problèmes qu'elle soulève, et un sentiment d'urgence, car pour modérer une évolution déjà largement inéluctable, aux impacts considérables, c'est dès à présent qu'il faut agir. Jusqu'où allons-nous changer le climat ?
On sait que, prenant comme base certains objets rugueux, poreux ou fragmentés à toutes les échelles, objets qu'il a appelés fractales, Benoît Mandelbrot a conçu, développé et utilisé une nouvelle géométrie de la nature et du chaos. Son livre Les Objets fractals. Forme, hasard et dimension a appris au savant et à l'ingénieur - et à d'autres ! - à voir le monde de façon nouvelle, et l'impact des fractales sur l'art populaire et les mathématiques pures fut aussi puissant qu'imprévu. On sait moins que la géométrie fractale est née des travaux que Mandelbrot avait consacrés à la finance au cours des années 1960. Il s'agissait du caractère nécessairement discontinu des prix de la Bourse, dont les changements se concentrent dans le temps, du caractère cyclique mais non périodique de l'évolution économique et de diverses conséquences de ces observations sur le calcul des risques. Un ouvrage - enrichi de considérations fondamentales sur les notions de hasard bénin et sauvage - qui devrait intéresser, outre les économistes, les philosophes, les physiciens et les mathématiciens.
René Thom, célèbre pour sa « théorie des catastrophes », est l'un des esprits les plus féconds du XXe siècle. Ce livre, série d'entretiens avec Émile Noël, met en évidence la passion de toute une vie : expliquer, faire reculer les frontières de l'intelligible. Comment devient-on mathématicien ? Outre la formation et la carrière de René Thom, l'ouvrage expose la genèse et la destinée de la théorie des catastrophes, les polémiques qu'elle a suscitées et les positions philosophiques et épistémologiques de son auteur. En montrant qu'à côté de la science quantitative et prédictive il existe une approche qualitative dont la valeur explicative est peut-être plus fine et plus décisive pour la connaissance, René Thom engage un débat et propose une démarche scientifique extrêmement originale.
La psychanalyse serait-elle la gardienne de la «loi symbolique» ? Nombre de discours veulent nous en persuader. Car c'est la «différence des sexes», dont la psychanalyse est supposée détenir la raison, qui serait l'alpha et l'oméga de notre humanité. Homme ou femme, il faudra donc qu'on se le tienne pour dit, et qu'on ne méconnaisse pas la «vérité» de l'ordre sexuel. Cet ordre pourtant est-il autre chose que l'effet, normatif, de certaines relations de pouvoir que l'on se garde bien d'interroger ? Effet très concret car il traverse la trame de chaque existence, en même temps qu'il sert de socle à la figure de la famille à laquelle notre organisation politique donne droit - et devoir - de cité.
Le psychanalyste est en prise directe sur cet enjeu. Car, dans la perspective inaugurée par Freud et marquée par Lacan, il traite la souffrance psychique en sa relation avec l'inconscient. Or l'inconscient, «discours de l'autre», prescrit ce que nous sommes, et d'abord quand il s'agit de la sexuation. Mais cette prescription est à entendre au double sens du terme : injonction et décret d'oubli. Quelle sera, face à cela, la politique de la psychanalyse ?
Une biographie d'Einstein ne peut être seulement le compte rendu d'une vie. Elle se doit aussi de dresser le tableau de la science physique dans la première moitié du XXesiècle. En outre, elle ne saurait omettre de situer le physicien juif dans son époque tumultueuse. L'ouvrage de Philippe Frank répond à ces exigences en retraçant l'itinéraire intellectuel, universitaire et politique du père de la relativité. Dans un style très accessible, l'auteur s'attache en priorité à expliquer la théorie de la relativité, sa genèse et ses enjeux. En s'attaquant avec succès aux limites de la physique newtonienne, Einstein opère une révolution qui donne aux termes «espace», «temps», «mouvement» des sens nouveaux. L'opinion publique relaye le monde de la science, et Einstein se fait aussi connaître comme pacifiste et comme sioniste. Proie des nationalistes allemands dans les années 1920, le «bolchevik de la physique» voyage à travers le monde avant de s'établir de nouveau à Berlin (1929). Par la suite, le régime nazi le contraint à fuir et dénonce dans la relativité l'expression achevée de la «physique juive». L'exil américain permet à Einstein de poursuivre son oeuvre. Père spirituel de la bombe atomique et militant de la paix : le paradoxe convient bien au personnage, affable mais secret, génial et rieur.
Ils sont sociologues, historiens, anthropologues, linguistes, économistes... Les uns sont des compagnons de route, les autres ont été proches de Bourdieu, à un moment ou à un autre. Tous témoignent d'une expérience de travail avec lui au double sens du terme: travail en commun et théorie en acte qui continue de réengendrer approches et pratiques scientifiques. De là, la diversité des contributions mais aussi la singularité du ton de cet ouvrage, inclassable selon les règles académiques en vigueur: du récit d'un fragment de vie, en passant par le trait anecdotique, à l'analyse des apports théoriques et méthodologiques, tous les registres se croisent, attestant que le travail avec Bourdieu n'a pas calibré la pensée ni les manières de faire.
Ces différentes positions et objets révèlent des facettes et des lectures inédites de Bourdieu, qui portent tant sur la réflexivité, les logiques de la pratique, les classements que sur l'économie des biens symboliques et les formes de domination.
Dans nombre de contributions sourd également, par touches pudiques, l'émotion du souvenir, sorte de rappel des conditions sensibles de production de la science, souvent passées sous silence et qui font pourtant le quotidien du métier de chercheur.
S'il fallait parler d'hommage, c'est un hommage anti-académique que les auteurs de ce livre ont voulu rendre à l'auteur d'Homo academicus.
Couverture: Atelier Michel-Bouvet
Kip S. Thorne a été l'un des acteurs privilégiés d'une quête grandiose, qui a duré près de trente années, pour comprendre l'héritage transmis par Einstein - la théorie de la relativité générale et ses étonnantes prédictions concernant l'univers -, pour découvrir où et comment la relativité échoue, et pour trouver ce qui alors la remplace. Le lecteur est entraîné à travers un labyrinthe d'objets exotiques : trous noirs, naines blanches, étoiles à neutrons, ondes gravitationnelles, trous de ver et machines à voyager dans le temps. Il suit pas à pas l'histoire de ces découvertes scientifiques qui ont toutes été prédites par la théorie de la relativité et à certaines desquelles Einstein lui-même ne croyait pas. L'auteur écrit ainsi la chronique fascinante des efforts qui menèrent à la compréhension des objets peut-être les plus mystérieux de l'univers, en particulier les trous noirs. Jonglant avec les décennies, évoquant la multiplicité des collaborations scientifiques à l'échelle de la planète, montrant l'enchevêtrement de la recherche et de la guerre froide à travers la rivalité soviéto-américaine, Kip S. Thorne peint une fresque contrastée où se côtoient astrophysique, sociologie, physique et spéculations audacieuses.
Dans un aphorisme, Kafka déclare : " Tu es la tâche ". Cette phrase exprime la maxime fondamentale de l'éthique. Tout l'enjeu de ce livre est d'expliquer pourquoi et comment la tâche éthique consiste en une " explication avec soi-même " où il s'agit, en tout dernier ressort, de faire face au désespoir qui est toujours tapi au fond de soi et dont il convient de désespérer pour mieux se supporter soi-même. Cependant, cette tâche dont le moi est à la fois le sujet et l'objet ne peut être accomplie que si le " vouloir porteur de l'éthique ", comme dit Wittgenstein (philosophe dont la conception de l'éthique se prête ici à une élucidation particulière), se dote par lui-même d'une certaine " force de caractère " capable non pas de le rendre heureux, mais de le disposer à l'être, si jamais il peut l'être. Cette disposition au bonheur, qui n'est pas le bonheur lui-même, est ce que Paul Audi analyse sous le nom de " réjouissance ".
Réunion des textes écrits par W. Granoff entre 1956 et 1996 qui témoignent de quarante années d'expérience clinique et de pratique psychanalytique.
Une société décente est une société dont les institutions n'humilient pas les personnes placées sous leur autorité, et dont les citoyens n'en humilient pas d'autres. Une bonne part de l'attention des philosophes se porte sur l'idéal d'une société juste, basé sur l'équilibre entre les notions de liberté et d'égalité. Mais un tel idéal est inenvisageable. Il semble donc plus urgent de tenter d'instaurer une société décente, parce qu'il n'est pas besoin d'attendre que la justice advienne pour satisfaire à l'idéal d'une société décente, et parce que supprimer un mal douloureux est plus urgent que de créer de nouveaux avantages. La démonstration de Margalit est des plus concrètes, envisageant à travers les détails de notre quotidien l'ensemble des actes humiliants rendant la vie parfois si difficilement supportable. L'analyse du fonctionnement des multiples formes de l'humiliation se combine ici à une argumentation longuement mûrie et, bien plus, profondément irriguée par l'expérience personnelle de l'auteur. Pour le philosophe Michael Walzer, La Société décente «est un livre splendide. Un compte-rendu exact des principes moraux guidant nos institutions politiques et nos usages sociaux, mais également un ouvrage merveilleusement attentif aux détails et nuances de la vie quotidienne. Ce livre fini, la décence prend largement le pas sur la justice en tant qu'idéal moral distinctif».
Etude du discours actuel sur le déclin du père et sur la faillite de la fonction paternelle. L'image du père liée aux formes traditionnelles de la domination masculine disparaît au profit d'une nouvelle organisation des rapports de parentalité. L'auteur analyse les aspects de la décomposition de la solution paternelle, ses tentatives de restauration et l'invention de modes de subjectivation.
La fameuse question posée par Freud, " Que veut la femme ? ", semble pouvoir être parfaitement transposable à l'énigme de ce que veut l'Europe unie.
Slavoj Zizek prend à rebours l'idée courante d'une Europe déroutée, mise en difficulté par le dynamisme économique des Etats-Unis et des pays asiatiques, et met l'accent sur le fait qu'elle constitue notre seule chance si nous ne souhaitons pas vivre dans un monde se réduisant à la seule alternative entre la version nord-américaine et la version chinoise du capitalisme. Dès lors, quel est le coeur de cet héritage européen que nous nous devons absolument de défendre ? Slavoj Zizek vient nous rappeler que les racines judéo-chrétiennes de l'Europe sont à l'origine de la notion d'universalisme, une notion qui se voit en fait aujourd'hui bien plus menacée par la globalisation que les particularismes locaux.
Il nous rappelle par ailleurs que le legs de la Grèce ancienne reste la source incontournable de tout potentiel de politisation démocratique. Ce sont ces deux grands apports pour notre civilisation qu'il s'agit aujourd'hui de défendre.