Places royales et faubourgs brumeux, enceintes, barricades et passages, c'est la trame serrée des quartiers parisiens qui organise cette déambulation proposée aux flâneurs des rues et des livres.
On y voit naître, au rythme des enceintes successives, l'éclairage public, l'enfermement des pauvres et des fous, le numérotage des maisons, les terrasses des cafés et la police de proximité. Du Marais des Précieuses au XIe arrondissement des «branchés», on assiste aux migrations de la mode, à l'apparition de microvilles dans la ville, celles de Scarron, de Des Grieux, de Desmoulins, de Rubempré et de l'autre Lucien, Leuwen, celles de Gavroche, de Baudelaire et de Manet, d'Apollinaire, celles encore de Nadja, de Doisneau ou d'Anna Karina.
Mais les vrais héros du livre, ce sont des anonymes, les architectes du désordre qui, de génération en génération, se sont transmis l'art d'empiler les magiques pavés, au faubourg Saint-Antoine en prairial an III, au cloître Saint-Merri en juin 1832, au clos Saint-Lazare en juin 1848, à Belleville en mai 1871, au quartier Latin en mai 1968, démontrant chaque fois - et plaignons ceux qui croient la série close - la force de rupture de Paris.
Quarante-trois photographes, jeunes pour la plupart, se sont autosaisis d'une mission inscrite dans une forte tradition (de la Mission héliographique en 1851 à celle de la DATAR au début des années 1980, en passant par la grande opération menée aux États-Unis par la Farm Security Administration entre 1935 et 1942), celle de dire un pays sans le figer. Les frontières deviennent incertaines, les catégories s'abolissent, la photographie rejoint la littérature dans sa capacité à décloisonner le temps et l'espace. Métaphoriser le territoire par la liquidité, c'est affirmer la possibilité de secouer les perceptions qui ont cours.
Nulle commande ici, aucune administration à l'initiative de quoi que ce soit. Pour les photographes, indépendants et cooptés, il y avait simplement le désir d'appréhender les réalités contemporaines de leur pays, de percevoir ses élans, ses lignes de fracture, ses mélanges, ses espaces naturels ou urbains, ses recoins, ses sommets, ses relais, ses évolutions, ses subtilités, ses complexités, ses habitudes, ses modes d'habitation, ses virtualités.
À chaque photographe il a été proposé d'écrire un texte et/ou d'ouvrir les coulisses de sa démarche artistique, de nous dévoiler les sentiers de sa création. Ils ont, avec leurs mots ou leurs documents, constitué une esthétique saisissante et passionnante du regard dans un double mouvement d'appartenance et de décentrement.
Bernard Comment
Marilyn était un mythe de son vivant mais sa mort prématurée a encore nourrir son mystère.
Le livre Fragments, édité par Bernard Comment et Stanley Buchthal permet d'atteindre la réalité du mythe de Marilyn Monroe, de découvrir la sensibilité exacerbée, la véritable créativité, qui se cachaient derrière l'image de la blonde pulpeuse à laquelle on voulut à tout prix - les studios d'Hollywood les premiers - la réduire.
On découvrira dans ce livre, en exclusivité, les textes de l'actrice : fragments, notes, poèmes, correspondance, et même recettes de cuisine.Tous ces documents nous révèlent la grâce d'un être fragile, sujet à une perpétuelle introspection et en permanente quête d'amour. Et plus encore, le talent et la profondeur d'une artiste sensible, souvent mélancolique, se passionnant pour Joyce, Kerouac, les peintres italiens de la Renaissance, réfléchissant avec une exigence sans faille aux rôles qu'il lui fut donné d'incarner.
Le livre est composé de 104 fac-similés des manuscrits de Marilyn Monroe accompagnés de leurs transcriptions, et de leurs traductions. Ces textes sont assortis de 33 photos, dont certaines sont visibles pour la première fois. Ces photos - qui toutes présentent Marilyn en lectrice, ou en compagnie d'écrivains - éclairent la relation singulière que l'actrice entretenait avec la littérature.