Contrairement à ce que l'on croit parfois, on voyage beaucoup dans l'Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode - bien que peu confortable et quelquefois dangereux - pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l'être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l'Inde, les côtes de l'Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Bibliothèque idéale expliquent les raisons du départ, évoquent les destinations, les surprises et les déceptions. C'est aussi de nous qu'ils parlent, miroirs tendus aux enthousiasmes et aux peurs de tous les ailleurs étranges. On y trouve ceux qui avec courage se lancent dans l'inconnu, ceux qui cheminent douillettement, ceux qui ne voudraient pas partir mais qui le doivent, ceux qui restent et qui sont tristes, ceux qui se plaignent et ceux qui s'émerveillent, toute une palette humaine du sublime au médiocre, toutes les émotions aussi, Homère qui nous enchante, Aristophane qui nous fait rire, Simonide qui nous fait pleurer...
Ni Platon ni Homère ni Cicéron n'ont prononcé le mot magique « utopie », forgé par Thomas More en 1516. Pourtant ils l'ont non seulement pensé, mais décrit dans des textes somptueux et profonds, tous rassemblés dans ce volume surprenant. Au lecteur de découvrir un véritable foisonnement, les mythes de l'âge d'or ou du paradis terrestre, les pays et les lieux imaginaires, les architectures, les villes, les Arcadies heureuses où il fait bon vivre, à l'écart, loin, les millénarismes enfin et les annonces prophétiques, bouleversantes, d'un règne divin.
Paix, justice, égalité, communauté des biens, la recherche d'une société idéale témoigne, en creux, du malheur et de la misère de la société humaine réelle, de l'injustice, des guerres, et de l'espoir inextinguible d'un monde meilleur.
Ce fut la plus grande crise qui émut la Grèce et une fraction du monde barbare : elle gagna, pour ainsi dire, la majeure partie de l'humanité. (Livre I, i, 2)
Je veux te révéler les principes des choses, te montrer où la nature puise les éléments dont elle crée, fait croître et nourrit toutes choses, où elle les ramène de nouveau après la mort et la dissolution. (I, 55-57)
La mythologie est un ciel infini ; ses étoiles, dont nul ne sait si elles sont mortes ou vivantes, continuent de nous éclairer et de nous faire rêver. La mythologie occupe des pans entiers de notre imaginaire et des rayons complets des bibliothèques. L'originalité de notre Bibliothèque idéale est de faire accéder directement le lecteur à ce moment magique où des hommes, les Grecs et les Romains, se sont appropriés leurs mythes, les mots des Muses, en les écrivant, en les incarnant dans des textes, en les métamorphosant en des oeuvres d'art, les leurs, qui sont peu à peu devenues les nôtres. Les textes ici rassemblés sont tous fondateurs, qu'ils aient été sublimés par les géants de la poésie que sont Homère, Virgile, Ovide, ou composés par les petites mains érudites de la mythologie, les mythographes. Surtout, le lecteur découvrira en bonne place dans cette Bibliothèque les pages étonnantes, peu connues quoique souvent superbes, où historiens, philosophes, théologiens de l'Antiquité, s'interrogent et parfois répondent sur l'origine et le sens de ces récits venus de la nuit des temps.
Ses premiers enfants, le grand Cronos les dévorait, dès l'instant où chacun d'eux du ventre sacré de sa mère descendait à ses genoux. (v. 459-460)
Le Maître a dit : Qui ne connaît son lot ne saurait être un homme de bien ; qui ne connaît les rites ne saurait tenir son rang ; qui ne connaît le sens des mots ne saurait juger les hommes. (Chapitre XX, Le bon roi Yao
Je dois mourir. Si c'est tout de suite, je vais à la mort ; si c'est dans un moment, pour l'instant, je déjeune, puisque l'heure est venue de le faire, ensuite je mourrai. (I,i)
"Muse aimée, à qui apportes-tu tous ces fruits réunis dans un chant ?
Qui donc, pourrais-je dire encore, a tressé cette couronne de poètes ? (IV, I, I-2)
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Si j'exécute ce serment et ne l'enfreins pas, qu'il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l'éternité. (Serment 8)
Je vends une vie mâle, excellente et noble, une vie libre. Qui l'achètera ? (I, 7)
Que les bêtes brutes possèdent par nature un certain sens moral et qu'elles partagent avec l'homme bon nombre de merveilleux privilèges qui ont été impartis aux humains, voilà bien quelque chose de grandiose. (Prologue)
Fruit d'un travail collectif de plusieurs années faisant intervenir historiens et spécialistes de littérature latine, cette nouvelle traduction des oeuvres complètes de César, unique en son genre, est un tour de force. D'abord parce qu'elle rend à César ce qui est à César écrivain, c'est-à-dire son incomparable prose, élégante, rapide, percutante, qui tient le lecteur en haleine de bout en bout. Ensuite parce qu'elle rend à César ce qui est à César le politique, conquérant génial et «dictateur démocrate» - sans doute l'homme d'État le plus connu de tous les temps - en éclairant de manière simple et savante à la fois les enjeux historiques tacites ou au contraire mis en scène dans le texte. Enfin, parce qu'elle plonge le lecteur dans une période décisive de l'Histoire et qui a aujourd'hui tant à nous dire : l'explosion rapide de la République et le lent effritement des modèles qu'elle avait suscités, la crainte perpétuelle de la chute et de la barbarie, mais aussi de la tyrannie, la soif inextinguible de conquêtes et de renouveau sont autant d'échos que notre édition rend accessibles au lecteur contemporain.
Il est plus difficile de rencontrer un homme sachant supporter le bonheur que le malheur. (VIII, 4, 14)
À l'époque où, dans la partie occidentale de l'Empire romain, régnait Honorius, des Barbares s'emparèrent de son territoire. Qui étaient-ils ? Comment s'y prirent-ils ? C'est ce que je vais dire. (I, 2, 1)
Non, je n'écris pas cela par complaisance pour mon père. Je l'affirme, toutes les fois que je vois mon père se tromper, et je m'attache à la vérité. (XIV, 7, 3)
Abracadabra ! Tout le monde connaît la formule, mais seuls les initiés savent qu'elle se rencontre déjà dans un manuscrit du IIIe siècle, ou que la première baguette magique est celle du dieu Hermès. Dans ces pages, découvrez les sorts, les potions, les sabbats nocturnes & les incantations au clair de lune, l'art de la nécromancie, la recette des philtres d'amour, mais aussi la magie de la déclinaison et de l'étymologie, car grammaire et grimoire ont été concotés dans un même chaudron. Avec Circé, Médée et la déesse Hécate comme guides, il n'y a qu'un pas à faire pour tomber sous le charme de l'Antiquité et devenir un parfait magicien des lettres latines.
Cette traduction, totalement nouvelle, prend acte de la redécouverte des comédies de Plaute par Pierre Letessier, comme « comédies musicales ». D'où un dispositif simple qui découpe le texte en « scènes » selon qu'elles sont ou non chantées et dansées, ce qu'aucune édition jusqu'ici n'avait pris en compte. Autre découverte à l'origine de cette traduction : Plaute est un théâtre du jeu. Jeux de mots et jeux du corps (danse), jeux avec les conventions scéniques, jeux d'allusions à la société romaine, jeux entre le latin et le grec, car le grec était à l'époque de Plaute la langue des élites cultivées comme des marchands et des esclaves. C'est pourquoi les termes grecs du texte de Plaute sont traduits par de l'anglais basic. Une fois débarrassé de ses interprétations classiques et de ses lectures modernes réalistes, le texte de Plaute est un festival de jeux entre les mots du poète, la voix du chanteur, le corps des comédiens, la musique de la "tibia". Cette édition en intégrale sera un outil de travail inégalé pour les professionnels du spectacle, les enseignants et les étudiants, tout en offrant un plaisir de lecture inattendu au grand public.
Des robots qui parlent latin et grec ? Il ne s'agit pas de science-fiction mais bien de la fabuleuse histoire des machines de l'Antiquité et de leurs ingénieurs de génie, du mythique Héphaïstos, dieu de la forge et patron des « techniciens », qui inventa le premier automate de l'histoire, aux réalisations surprenantes des « mécaniciens » grecs et romains dans tous les domaines de la « haute technologie ». À travers une centaine de textes en traduction, cet ouvrage montre sous un angle original et divertissant aussi bien les robots imaginés par les poètes que les ingénieuses mécaniques des savants alexandrins ainsi que les premières réflexions des philosophes sur la question de l'intelligence artificielle.
Ce volume réunit treize siècles de littérature grecque. Epoque après époque se succèdent les auteurs de cette vaste période, dont les textes illustrent la diversité, la richesse et la pérennité de la littérature en grec ancien, mise à l'honneur dans cette anthologie, à laquelle ont collaboré quelque soixante-dix spécialistes.
Amusantes souvent, irritantes et même dérangeantes parfois, les maximes transmises depuis l'Antiquité par de nombreux recueils voués à satisfaire siècle après siècle différents publics sont dans leur grande majorité anonymes, même si l'on reconnaît çà et là des extraits de Ménandre ou d'autres poètes comiques et tragiques connus. C'est néanmoins sous le titre de Sentences de Ménandre qu'on se plait souvent à les mentionner. Nées en Grèce, christianisées, traduites en arabe, en slavon, elles ont connu de multiples remaniements et adaptations ; en plus du corpus principal d'un bon millier de maximes, nous avons voulu joindre les recueils retravaillés par Grégoire de Nazianze, Maxime Planude et Georges Hermonyme en raison de leur cohérence, et nous avons ajouté les variations construites sur les joutes oratoires sans nul doute fictives entre Ménandre et Philistion, qui connaissent quatre versions. Le lecteur distinguera dans ces corpus, outre les bons mots qui sont le sel des discussions entre amis, les thèmes de prédilection de notre culture occidentale, inlassablement repris pour transmettre sans doute les valeurs qui devaient garantir la cohésion et le bon ordre de la société. De l'école aux conversations de dîners entre gens de bonne compagnie, ces maximes sont parvenues jusqu'à nous : certaines sont démodées, d'autres restent universelles, et on aime à penser que notre XXIe siècle en supprimera certaines et en ajoutera de nouvelles, continuant ainsi la longue chaîne de cette littérature dite gnomologique, celle des maximes sentencieuses ou satiriques.
Dans ce dialogue rédigé à la fin de sa vie, quand les institutions politiques et religieuses de la république romaine sont bouleversées, Cicéron soumet à la libre discussion critique les doctrines théologiques des deux philosophies dominantes, l'épicurisme et le stoïcisme. Conformément à la tradition de la Nouvelle Académie, le débat cherche à fixer une définition au moins probable de la nature des dieux et de leurs relations avec le monde des hommes.
En philosophe soucieux de prendre en compte les déterminations culturelles et historiques dans la formation des conceptions des dieux, Cicéron conteste la validité des « notions communes » sur lesquelles les épicuriens et les stoïciens fondent leurs doctrines en leur opposant la diversité des représentations des dieux et des pratiques religieuses. Par là, ce dialogue livre un témoignage d'une richesse exceptionnelle sur toutes les formes qu'a pu prendre dans l'Antiquité la pensée du divin.
Lucien est né vers 120 après J.-C., à Samosate, aux confins de l'Empire romain, alors à l'apogée de sa puissance. Très vite, il abandonne sa langue natale, sans doute l'araméen, pour embrasser la culture grecque. Devenu un brillant orateur, il voyage dans le Bassin méditerranéen, où son éloquence mordante lui vaut fortune et gloire. Malgré les siècles qui nous séparent de lui, son scepticisme désabusé, son refus des fanatismes, de la superstition, des faux prophètes, des cultes irrationnels, des maîtres à penser qui manipulent la jeunesse, sont d'une actualité brûlante. Le regard qu'il porte sur la société est très noir : il voit avec dégoût triompher convoitise, cruauté, servilité, vulgarité... Satiriste dans l'âme, il stigmatise l'hypocrisie sous toutes ses formes. Son humour est dévastateur, qu'il caricature coquettes, pédants, gloutons, débauchés, ou misanthropes. Le rire, cruel ou bon enfant, est toujours présent, notamment quand il revisite la mythologie traditionnelle et campe des dieux bougons, colériques, jaloux... Ses voyages fantaisistes sur la lune, au fond des Enfers ou dans le ventre d'une baleine, témoignent d'une imagination sans limite et sont d'une drôlerie irrésistible. Cette oeuvre si riche, qui joue de manière irrévérencieuse avec les modèles hérités de la Grèce classique, a inspiré les grands humanistes (Thomas More, Érasme, Rabelais, Cyrano de Bergerac, Fénelon, Fontenelle, Swift) et même certains peintres de la Renaissance. Comme Plutarque, mais à sa manière ironique, Lucien a été un des relais principaux entre l'Antiquité gréco-latine et nous. Cette traduction intégrale (à l'exception de quelques textes apocryphes, rejetés par la majorité des critiques), est la première en France depuis celle d'Émile Chambry, qui date de 1933-1934.
Anne-Marie Ozanam est professeur de latin et de grec en première supérieure (khâgne). Elle a publié aux Belles Lettres, outre cinq recueils consacrés à Lucien, des traductions de César, Tacite et Alciphron, et aux éditions Gallimard, la traduction intégrale des Vies parallèles de Plutarque.
Avancer à pas de loup, se calfeutrer dans un tapis, se tapir dans l'ombre, revêtir un costume sombre ou disparaître derrière un écran de fumée : l'Antiquité fourmille d'anecdotes, de légendes et de mythes dans lesquels hommes et dieux agissent incognito et mêlent allègrement ruses, mensonges, déguisements et dissimulations. Leur inventivité en la matière est foisonnante et se décline à travers tous les domaines de l'action, du renseignement militaire aux intrigues politiques en passant par la séduction, les cultes religieux ou le vol. Des grands complots historiques aux jeux de cache-cache littéraires, l'art du secret se révèle être l'une des clefs essentielles pour mieux approcher les rapports spécifiques de l'Homme antique au monde. Ce volume, qui recueille une centaine de textes issus des littératures grecque et latine, des épisodes les plus fameux aux anecdotes les moins connues, nous fait entrer dans le bureau des légendes antiques, et nous en dévoile les secrets
les mieux gardés.