Contrairement à ce que l'on croit parfois, on voyage beaucoup dans l'Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode - bien que peu confortable et quelquefois dangereux - pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l'être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l'Inde, les côtes de l'Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Bibliothèque idéale expliquent les raisons du départ, évoquent les destinations, les surprises et les déceptions. C'est aussi de nous qu'ils parlent, miroirs tendus aux enthousiasmes et aux peurs de tous les ailleurs étranges. On y trouve ceux qui avec courage se lancent dans l'inconnu, ceux qui cheminent douillettement, ceux qui ne voudraient pas partir mais qui le doivent, ceux qui restent et qui sont tristes, ceux qui se plaignent et ceux qui s'émerveillent, toute une palette humaine du sublime au médiocre, toutes les émotions aussi, Homère qui nous enchante, Aristophane qui nous fait rire, Simonide qui nous fait pleurer...
« Celui qui sait voir l'inaction dans l'action et l'action dans l'inaction, celui-là est sage entre les hommes. »
Probablement la plus célèbre des oeuvres sanskrites classiques, la Bhagavad-Gita n'est pas seulement un texte fondamental de la pensée indienne : depuis ses premières traductions européennes au XVIIIe siècle et sa lecture par les plus grands penseurs, elle a aussi eu une influence considérable sur la pensée moderne occidentale.
Incluse dans l'immense épopée du Mahabharata, elle se présente sous la forme d'un dialogue entre le dieu Krishna et le guerrier Arjuna alors que celui-ci doit sonner le début d'une immense lutte fratricide qui, il le sait, ravira la vie à d'innombrables membres de sa famille, alliés ou rivaux. Par son discours, Krishna montre à Arjuna la voix à suivre, celle du renoncement, du yoga et du détachement dans l'action rendu possible uniquement par la maîtrise des sens.
Ce fut la plus grande crise qui émut la Grèce et une fraction du monde barbare : elle gagna, pour ainsi dire, la majeure partie de l'humanité. (Livre I, i, 2)
« À celui qui ne désire pas entendre, il est inutile de parler ; à l'homme cruel, à celui qui ne pratique pas l'ascèse, à l'ignorant, il ne faut pas parler non plus. »
Krishna épouse la belle Rukmini, incarnation de la Fortune. Celle-ci le prie de lui donner un fils et Krishna entreprend un long voyage vers le mont Kailasa dans l'Himalaya pour rendre les hommages au dieu Shiva qui seul pourra exaucer les jeunes époux. En route, Krishna rencontre des pishacha, ogres mangeurs de chair et buveurs de sangs, êtres parmi les plus impurs que l'on puisse imaginer. Contre toute attente, ceux-ci tombent dans une dévotion éperdue pour Vishnu, présent sur terre sous la forme de Krishna. Leur souhait : obtenir la libération tant désirée.
La Bhagavad-Gita publiée dans la même série affirme qu'aux yeux du sage, il n'y a pas de différence entre un brâhmane et un intouchable. Krishna et les ogres (qui compte 18 chapitres, tout comme la Bhagavad-Gita) illustre cette idée que la libération est accessible à chacun, quelle que soit sa classe sociale et quel que soit le dieu qu'il vénère, du moment qu'il le fait avec foi et application.
Le Kailasayatra (litt. "Le Pèlerinage [de Krishna] au Kailasa") figure dans la vulgate du Harivamsha, un long supplément au Mahabharata, qui raconte la biographie complète de Krishna. La présente traduction du Kailasayatra est la première dans une langue occidentale.
Ni Platon ni Homère ni Cicéron n'ont prononcé le mot magique « utopie », forgé par Thomas More en 1516. Pourtant ils l'ont non seulement pensé, mais décrit dans des textes somptueux et profonds, tous rassemblés dans ce volume surprenant. Au lecteur de découvrir un véritable foisonnement, les mythes de l'âge d'or ou du paradis terrestre, les pays et les lieux imaginaires, les architectures, les villes, les Arcadies heureuses où il fait bon vivre, à l'écart, loin, les millénarismes enfin et les annonces prophétiques, bouleversantes, d'un règne divin.
Paix, justice, égalité, communauté des biens, la recherche d'une société idéale témoigne, en creux, du malheur et de la misère de la société humaine réelle, de l'injustice, des guerres, et de l'espoir inextinguible d'un monde meilleur.
« Celui qui désire une vie sans maladies sera bien avisé de ne pas prendre le remède prescrit par un médecin qui n'en connaît pas l'emploi. »
L'ayurveda contemporain se réclame d'une origine ancestrale. Nombre de textes sanskrits anciens nous sont en effet parvenus mais que disent-ils au juste ? Cet ouvrage propose la première anthologie en langue française de textes classiques, introduits et commentés, pour découvrir cette médecine indienne traditionnelle et savante.
Les extraits, sélectionnés par Michel Angot au sein des grands traités ayurvédiques (Caraka-samhita, Su´sruta-samhita, Ashtanga-hridaya-samhita, etc.), fournissent des réponses à des questions comme : Qu'est-ce que la santé, qu'est-ce que la maladie ? Qui soigner, qui ne pas soigner ? Avec quoi soigner et dans quel but ?
Les Cosaques, achevé en 1862, constitue l'oeuvre la plus audacieuse de Tolstoï, celle où s'exprime avec le plus de violence sa nature charnelle et où surgit en pleine lumière le visage païen de sa personnalité complexe. Ce roman teinté d'autobiographie nous livre le souvenir vivace d'une expérience intime, celle d'un jeune citadin écoeuré par les frasques de sa vie mondaine qui découvre brusquement la vie paisible et simple des Cosaques. Dans sa quête du bonheur, Olénine, tout comme Tolstoï dans ses jeunes années, essaye de se dépouiller de tout l'acquis de son éducation pour devenir semblable à ceux qui l'entourent. Au milieu d'une nature partout présente et révérée, la vie du village est cadencée par les récoltes, la chasse, le bétail et les heures passées à l'ombre du verger. Certes les abreks, montagnards inféodés, rôdent non loin, mais ils ne sont considérés que comme une distraction de plus pour juger de la bravoure des jeunes Cosaques. Les officiers russes, à l'instar d'Olénine, peinent à s'intégrer à ces hommes frustes dont ils admirent pourtant l'insouciance. Le héros du roman, émerveillé par cette vie nouvelle, n'en finira pas moins par fuir, déjà oublié par ceux-là mêmes en qui il portait toutes ses espérances.
Un roi, déplorant le manque d'instruction de ses fils, demande à un brâhmane versé dans la science politique de remettre les princes sur le droit chemin. Celui-ci s'exécute et met sur pied un programme d'enseignement en quatre parties : « L'acquisition des amis », « La désunion des amis », « La guerre » et « La paix ». Il propose aux jeunes princes de s'asseoir autour de lui et commence à leur raconter une série de fables imbriquées, sans négliger de faire ressortir les enseignements à tirer de chaque histoire.
Datant probablement du IXe ou Xe siècle, le Hitopadesha puise dans le fonds commun de fables et de contes et s'inspire, en les réarrangeant, de différents autres recueils, célèbres (comme le Pantchatantra) ou disparus. L'introduction de Michel Angot remet ce texte dans son contexte historique et insiste sur la vocation première de ces fables : enseigner la clairvoyance, la stratégie et la raison d'État aux jeunes princes.
La Consolation est un texte unique dans l'antiquité, où une figure allégorique, Philosophia, s'adresse à son élève (Boèce) et lui apporte la consolation de son enseignement (évidemment une présentation du monde de type néo-platonicien). Ce dialogue est l'OEuvre d'un haut personnage romain chrétien, sénateur et patrice, emprisonné et accusé de haute trahison, alors qu'il attendait la mort, vers 524 après J.-C.. Cette situation « d'urgence » et d'imminence de la mort (pensons à celle de Socrate), démentie par la belle sobriété du texte, est devenu un modèle pour la philosophie, dernier rempart de la beauté et de la méditation, symbole de résistance à l'oppression et de méditation sur la condition humaine.
La Consolation de Philosophie devait devenir l'un des ouvrages fondamentaux du Moyen Age, à côté de ceux de St Augustin, de St Benoît et de Bède le vénérable. C'est évidemment aussi un lointain modèle de la Divine Comédie de Dante. Boèce est un parfait représentant de la haute culture italienne de l'époque, déchirée entre sa fidélité à une tradition classique tenace (les satires grecques ou latines, la philosophie grecque, les consolations de Cicéron, Ovide ou Sénèque) et les réalités politiques de son temps, celui de l'Empereur Justinien (occupation par les Goths, la persécution des chrétiens, attrait d'un Orient encore brillant de sa vie culturelle).
La présente traduction, inédite, tient compte de très nombreux travaux modernes ; elle est due à un spécialiste de Boèce, Jean-Yves Guillaumin, professeur à l'Université de Franche-Comté.
Ce texte, traduit du turc tchaghatai, constitue les mémoires de l'empereur Babur, premier Grand Moghol des Indes (1494-1529), cas presque unique d'autobiographie dans la littérature musulmane médiévale. Il nous permet d'entrer dans le quotidien de cet homme a la destinée incroyable, fondateur d'un immense empire, fin stratège, guerrier impitoyable, poete et grand mécene qui nous a transmis des informations capitales sur son époque, les regions qu'il a traversees et les peuples qu'il a croises. Outre son interet historique, cette somme vaut autant pour ses enseignements sur l'art de gouverner que pour ses celebres descriptions de la faune et de la flore indiennes, ainsi que des villes fondees dans le nord de l'Inde par les premiers souverains musulmans.
Il est constitue de trois grandes parties chronologiques : d'abord Babur jeune souverain mis a l'epreuve en Asie centrale, ensuite l'installation de son pouvoir sur le territoire de l'actuel Afghanistan, puis le celebre livre indien ou Babur franchit l'Indus et va jusqu'au Bengale.
Probablement composées au IIe siècle av. J.-C., Les Lois de Manu sont l'un des codes de règles éthiques, politiques et juridiques les plus célèbres de l'Antiquité. Leur notoriété tient notamment à l'ampleur des sujets abordés : de la façon de rendre la justice aux règles pour la vie de famille, des doctrines cosmogoniques aux indications pratiques sur l'alimentation, sans oublier un certain nombre de recommandations sur l'art de gouverner qui font écho au Manuel du Prince indien publié en début d'année dans cette même série.
Recueil des pratiques mais aussi code de lois visant à l'établissement d'une norme, Les Lois de Manu ont constitué à plusieurs reprises dans l'histoire un instrument idéologique utilisé tant par les brahmanes orthodoxes comme moyen de contrôle social que par leurs opposants pour stigmatiser la domination qu'ils subissaient. Il s'agit d'un ouvrage essentiel pour comprendre la société indienne. L'introduction de Federico Squarcini et Daniele Cuneo resitue le traité dans son contexte de composition pour comprendre le statut de ce texte qui fit l'objet de nombreuses mésinterprétations. Elle permet aussi de comprendre pourquoi le roi et les brahmanes y occupent une place si importante. Elle évoque enfin les récupérations politiques ultérieures de ce traité.
Au fil du texte, le lecteur voit se dessiner un portrait de la société brahmanique traditionnelle et de ses 4 castes : les brahmanes (prêtres), les kshatriya (guerriers), les vaishya (commerçants) et les shudra (servants). Pour illustrer ce dernier volume de la « Série indienne », nous reproduisons des clichés, pris dans les alentours de Pondichéry à la toute fin du XIXe siècle. Ces photos, tout à fait inédites, appartiennent au fonds Asie du Sud-Est et Monde Insulindien (ASEMI) de la bibliothèque des Lettres de l'Université Côte d'Azur.
"Je veux dire l'histoire et les métamorphoses
Des formes et des corps.
Dieux, c'est votre oeuvre aussi :
Inspirez mon poème et guidez-en le fil
De l'aurore du monde au matin d'aujourd'hui ! (I, 1-4)"
Je veux te révéler les principes des choses, te montrer où la nature puise les éléments dont elle crée, fait croître et nourrit toutes choses, où elle les ramène de nouveau après la mort et la dissolution. (I, 55-57)
Chérie et protégée par sa mère la divine Cérès, Proserpine est convoitée en secret par le dieu des morts, Pluton, qui parvient à soustraire la fillette à la protection maternelle au terme d'un stratagème et d'un rapt choquants. Aux Enfers, Proserpine apprend à aimer Pluton autant qu'à s'affirmer dans un monde divin violent pour devenir une souveraine redoutable.
De la jeune fille en fleurs à la reine toute puissante, découvre l'itinéraire fascinant de celle qui a changé le monde en lui donnant les saisons.
Ce volume est le premier des deux tomes consacrés au plus célèbre des héros de l'Antiquité. Ulysse en personne nous conte ici son histoire jusqu'à la prise de Troie, son enfance, son accession au trône, ses premières ruses, ses premières amours, ses premiers combats, avec par touche, quelques vers de Virgile accessibles et une poignée de mots grecs.
Comment devenir un héros quand on est menteur, tricheur, sournois, bref humain ? La réponse de la bouche d'Ulysse, l'homme aux mille ruses et aux paroles de neige
« Les Discours sont une oeuvre d'un intérêt exceptionnel. C'est en celle-ci plus encore que dans Le Prince qu'on peut trouver la marque d'une fondation de la pensée politique moderne, la matière privilégiée d'une réflexion sur l'histoire et la politique. »
Claude Lefort, extrait de la préface.
Écrits entre 1513 et 1519, les Discours se présentent, extérieurement, comme un commentaire de Tite-Live. Ils sont l'oeuvre la plus puissante de Machiavel et tirent leur force d'une pensée qui, ayant comme point de départ l'intérêt de l'État, en analyse ses tenants : le prince, le peuple, les institutions, les lois, l'éducation et la religion.
Leo Strauss, un des grands philosophes politiques de notre temps, faisait remarquer qu'une des originalités de Machiavel avait été de définir la politique à partir des situations extrêmes, contrairement aux Anciens qui préconisaient de le faire en fonction des situations normales, en fonction du bien souvent possible et non du mal parfois nécessaire.
Les temps que nous traversons n'étant malheureusement pas exempts de situations extrêmes, il ne faut pas écarter la lecture de Machiavel et son intérêt pour des circonstances historiques concrètes. Autrement dit, comme l'exposait Raymond Aron, ne pas s'écarter de ce qui reste, peut-être pour Machiavel, en tout cas pour nous, essentiel, c'est-à-dire les cas de conscience.
Ses premiers enfants, le grand Cronos les dévorait, dès l'instant où chacun d'eux du ventre sacré de sa mère descendait à ses genoux. (v. 459-460)
Je dois mourir. Si c'est tout de suite, je vais à la mort ; si c'est dans un moment, pour l'instant, je déjeune, puisque l'heure est venue de le faire, ensuite je mourrai. (I,i)
La mythologie est un ciel infini ; ses étoiles, dont nul ne sait si elles sont mortes ou vivantes, continuent de nous éclairer et de nous faire rêver. La mythologie occupe des pans entiers de notre imaginaire et des rayons complets des bibliothèques. L'originalité de notre Bibliothèque idéale est de faire accéder directement le lecteur à ce moment magique où des hommes, les Grecs et les Romains, se sont appropriés leurs mythes, les mots des Muses, en les écrivant, en les incarnant dans des textes, en les métamorphosant en des oeuvres d'art, les leurs, qui sont peu à peu devenues les nôtres. Les textes ici rassemblés sont tous fondateurs, qu'ils aient été sublimés par les géants de la poésie que sont Homère, Virgile, Ovide, ou composés par les petites mains érudites de la mythologie, les mythographes. Surtout, le lecteur découvrira en bonne place dans cette Bibliothèque les pages étonnantes, peu connues quoique souvent superbes, où historiens, philosophes, théologiens de l'Antiquité, s'interrogent et parfois répondent sur l'origine et le sens de ces récits venus de la nuit des temps.
Le Maître a dit : Qui ne connaît son lot ne saurait être un homme de bien ; qui ne connaît les rites ne saurait tenir son rang ; qui ne connaît le sens des mots ne saurait juger les hommes. (Chapitre XX, Le bon roi Yao
Si j'exécute ce serment et ne l'enfreins pas, qu'il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l'éternité. (Serment 8)
"Muse aimée, à qui apportes-tu tous ces fruits réunis dans un chant ?
Qui donc, pourrais-je dire encore, a tressé cette couronne de poètes ? (IV, I, I-2)
"
Nombreux sont ceux qui connaissent ou croient connaître l'oeuvre d'Eckhart après avoir lu quelques-uns des sermons qu'il a prononcés en langue allemande, mais la lecture de l'oeuvre latine fait découvrir le véritable fonds d'où proviennent les textes les plus connus d'Eckhart.
Il ne faut donc pas s'attendre à lire dans ce Commentaire du Livre de l'Exode une explication détaillée des lieux et du parcours suivi par le peuple juif dans le désert. De cela il n'est pas question, pas plus que de l'idée de l'exil.
L'objectif est autre : il ne s'agit pas de commenter un texte, mais d'entendre la Parole de Dieu.
Cela suppose d'aller au-delà de notre compréhension des images et concepts, pour les recueillir comme des paraboles pleines de la sagesse divine.
Ce commentaire s'inscrit dans la perspective de L'oeuvre tripartite, où Eckhart s'attache à comprendre la nature de Dieu, la puritas essendi, qui est le quatrième point de son programme de prédication, ce qui l'amène à dire que l'être est Dieu et à s'attacher au commentaire d'Exode 3, 14, dont il donne une interprétation originale, à partir de l'image de la bullitio.